Kraftwerk et Philippe Katerine, as de coeur d’Antigel
Fondateurs d’un festival à part, Thuy-San Dinh et Eric Linder ont dévoilé l’affiche des dix ans d’un rendez-vous qui remodèle le territoire genevois. Ils annoncent des nuits givrées. Nos conseils
Une lettre d’amour aux Genevois. Avec vol d’étourneaux en sus sur les affiches. C’est ainsi qu’Eric Linder et Thuy-San Dinh ont conçu la dixième édition de leur festival Antigel. C’est ainsi qu’ils l’ont présentée à une centaine de journalistes et de professionnels rassemblés mardi à la salle Soutter, dans le giron de la tour de la RTS à Genève.
Dépayser l’amant est une façon d’aiguiser le désir. A chaque conférence de presse, son théâtre donc. Depuis 2011, le duo donne rendez-vous, entre fin janvier et février, à 50000 amateurs d’escapades givrées sur des territoires mystérieux ou méconnus du canton, là où les troubadours de l’électro, de la techno ou de la pop n’ont pas leurs habitudes.
Eric Linder est le Vasco de Gama de la région. Edition après édition, il conquiert de nouveaux lieux, décors hors du commun pour des gestes artistiques déraisonnables, les fameux projets made in Antigel. Des exemples? Cet hiver, une centaine de zombies transformeront le centre commercial de Balexert en palais hanté. Le violoniste zurichois Tobias Preisig jouera les visiteurs du soir dans l’ancien manège en restauration de la Vieille-Ville. Le chant d’une cavale intérieure.
Zombies au centre commercial
Une élévation encore made in Antigel: le rappeur et producteur genevois Varnish La Piscine projettera sons et songes sur des immeubles de Meyrin. Et le programme lui-même? Une cinquantaine d’événements dans des salles de village, églises, caves chavirées, mais aussi à l’Alhambra ou au Bâtiment des forces motrices, sur le Rhône.
Un jeu de cartes que cette programmation signée Eric Linder et David Schindler pour la partie musicale, Prisca Harsch pour le chapitre danse et performance. On pioche pas tout à fait au hasard les dix as de coeur – oui, le jeu est truqué – qu’on voudrait partager avec ses amis.
Banjo au temple
On commencera par le chanteur Philippe Katerine – un farceur sous une mine de croque-mort. On poursuivra avec l’acteur marionnettiste Jonathan Capdevielle – son Rémi d’après Sans famille d’Hector Malot s’annonce borderline, comme toujours. On recommandera sans hésiter l’incandescente Rébecca Balestra, comédienne genevoise qui chantera et slamera dans un café. On ne résistera pas à la chanteuse américaine Angel Olsen ni au banjo de David Eugene Edwards, au temple de Satigny.
Pour trembler, on ira voir la danseuse irlandaise Oona Doherty et son Lady Magma à la salle du Lignon. Pour ses grands yeux d’atmosphère, on suivra les fugues de la chanteuse française Pomme. Pour le parfum de l’histoire, on cédera à Suzanne Ciani, reine de nos nuits électroniques. Pour avoir 18 ans de nouveau, on se laissera sonner par Dinos et Isha, deux rappeurs que la jeunesse porte.
L’as des as? Pour beaucoup, il s’appelle Kraftwerk. Le quatuor invitera ses ouailles à chausser des lunettes 3D comme il y a quelques années au festival de Montreux. Sauf que cette fois, la grand-messe électronique se donnera sur le tarmac de l’aéroport de Cointrin, dans l’amortisseur de bruit. Surprise: le rendez-vous est fixé au 19 mai, jour où les saints de glace pourraient sévir. Antigel ne se limite plus à l’hiver. Vasco de Gama alias Eric Linder et son équipage ne connaissent pas les frontières.
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