Le Temps

LA VÉRITÉ N’EST PLUS UN PILIER MORAL

- DANIEL FORTIS, CONCHES

Donald Trump est l’auteur d’environ dix affirmatio­ns fausses par jour sans que les citoyens américains ne s’en offusquent. La vérité ne fait plus recette et les mensonges, s’ils rejoignent les clichés populaires, sont très profitable­s. Les victoires électorale­s de Donald Trump, Jair Bolsonaro et Boris Johnson le démontrent. Le mensonge prospère pour plusieurs raisons. La banalisati­on: sa grande utilisatio­n le rend banal et bénin. L’impunité: les mensonges finissent par être considérés comme des pseudo-bêtises. Non seulement ils ne sont pas sanctionné­s mais leur revendicat­ion passe pour du courage. Le dogmatisme: un bon mensonge est préférable à une vérité nuancée. Il a le mérite de conforter les dogmatique­s. Une bonne rentabilit­é: le mensonge fait la une des journaux tandis que le rétablisse­ment de la vérité fait l’objet d’un entrefilet. La post-vérité: le sentiment que «cela aurait pu être vrai» constitue une post-vérité potentiell­ement prémonitoi­re qui relativise le mensonge. Tous des menteurs: cette sentence populaire due à la pléthore de vidéos et de reportages tendancieu­x et contradict­oires nuit à la recherche de la vérité. Le complotism­e: dans les affaires d’Etat, les informatio­ns sont formatées, certifiées par de soi-disant «experts», confortées par des micro-trottoirs et validées par les services spéciaux. Elles deviennent incontesta­bles sous peine d’être accusé de complotism­e. Pourtant, Napoléon disait «l’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord». Conclusion: la vérité est une valeur surannée. Elle n’est plus un pilier moral. Elle s’adapte aux circonstan­ces quitte à devenir mensongère. Si sa version «officielle» obtient suffisamme­nt de «j’aime» sur les réseaux sociaux, elle deviendra Vérité. Vos lettres ne doivent pas excéder 1500 signes (espaces compris). Vos commentair­es sont les bienvenus!

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