Des méthodes fiables?
Dans quelle mesure peut-on se fier à ce que les applications considèrent comme bon ou mauvais pour nous?
Développé en France dans le cadre du Programme national nutrition santé, le Nutri-Score calcule la valeur nutritionnelle d'un aliment (fibres et protéines vs sel, sucres, calories et graisses saturées) et la représente sous forme d'une lettre de couleur. Il a été conçu pour faciliter la lecture des informations sur l'étiquette et signaler de manière simple des produits mal équilibrés qui pourraient avoir des effets négatifs sur la santé. La méthode, validée par des études scientifiques, se limite strictement à l'aspect nutritionnel et ne prend pas en compte la présence d'additifs ou le mode de production. Choisi comme label officiel par plusieurs pays européens – dont la France et l'Allemagne –, le Nutri-Score reste facultatif et son indication sur l'emballage dépend du bon vouloir des fabricants.
Le paradoxe de l’huile d’olive
Cela explique le faible pourcentage de produits avec cet étiquetage nutritionnel: seulement 5% en France, dénonçait la semaine passée l'association UFC-Que Choisir. Au nom de la transparence, la plupart des applications pour consommateurs affichent ce score pour tous les produits (comme NutriScan suisse) ou le prennent comme base pour leurs propres méthodes de calcul. Ainsi Yuka, dont la note finale sur 100 d'un produit se compose du Nutri-Score (60 points), de l'absence d'additifs (30 points) et de la provenance biologique (10 points).
Si certains spécialistes se montrent sceptiques sur cette évaluation impliquant plusieurs aspects, d'autres reprochent justement au Nutri-Score d'avoir négligé le problème des additifs. Des incohérences ont également été pointées du doigt: Yuka note comme médiocre les chips mais aussi la feta, Nutri-Score classe en rouge foncé l'huile d'olive bio…
Peut-on dès lors se fier à ce que les applications considèrent comme bon ou mauvais pour nous? «Dans tous les cas plus qu'à notre propre jugement, influencé par des émotions, des lubies gustatives ou le marketing, pense le médecin nutritionniste Dimitrios Samaras. Aucun outil n'est parfait, mais ces applications sont une démarche très positive parce qu'elles donnent au consommateur des clés pour une analyse qu'il serait incapable de faire lui-même et lui permettent de reprendre le contrôle sur ce qu'il mange.» Toutefois, met en garde le spécialiste, cela va de soi qu'il ne faut pas abuser d'un produit même s'il est bien noté.
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«Ces outils permettent au consommateur de reprendre le contrôle sur ce qu’il mange» DIMITRIOS SAMARAS, MÉDECIN NUTRITIONNISTE