Aux Urbaines, l’écrin lausannois des esthétiques émergentes
Le festival lausannois dédié aux esthétiques émergentes débute ce vendredi. Pour les codirecteurs et programmateurs, Ysaline Rochat et Samuel Antoine, cette 23e édition invite à l’exploration
De vendredi à dimanche, Lausanne, Renens et Chavannes accueillent une quarantaine de créations contemporaines à l’enseigne des Urbaines. Chaque année depuis 1996, ce festival gratuit explore les esthétiques émergentes et propose un parcours jalonné de performances, expositions, spectacles, installations, concerts ou projections. Rencontre avec Ysaline Rochat et Samuel Antoine, le binôme qui le dirige depuis maintenant trois ans.
Quelles sont les surprises de l’édition 2019?
Samuel Antoine: L’ensemble de la programmation est une surprise! Le festival est dédié aux esthétiques et projets émergents. On ne programme jamais deux fois les mêmes projets ou artistes. Pour le public, ça se veut une découverte totale à chaque édition. C’est un festival sans tête d’affiche, avec des artistes qui ne sont pas encore établis, pas encore confirmés. L’entier de la programmation se définit vraiment sous le prisme de cette découverte.
De nombreuses performances parlent de la notion de genre ou de la décolonisation. Y a-t-il une place pour les artistes contemporains qui ne s’interrogent pas sur des sujets très dans l’air du temps?
S. A.: Oui, il y a tout à fait une place pour les artistes qui ne s’intéressent pas à ces sujets. Après, c’est vrai que ces dernières années, on a pu observer un lien assez fort entre des artistes sensibles à ces thématiques et des projets qui sont porteurs de formes originales. Il y a vraiment un lien entre les scènes queers, les artistes minorisés, et ces nouvelles esthétiques. Finalement, c’est moins une volonté de notre part de mettre ces thèmes en avant que le reflet de ce qu’il se passe actuellement dans les scènes émergentes.
Comment se fait le choix des artistes? Ysaline Rochat: Il est important de dire qu’il n’y a pas que nous deux dans le comité de programmation. On est accompagnés de trois autres programmateurs et programmatrices cette année: Mathias Ringgenberg, Anne Lise Le Gac et Deborah Joyce Holman qui ont des connaissances spécifiques de certaines scènes. On utilise différents biais pour découvrir des artistes qui en effet sont peu connus: évidemment internet, qui permet de découvrir pas mal de projets. Après, on fait aussi des repérages dans des petits festivals et dans les présentations de masters dans les écoles.
S. A.: Et puis, au niveau du processus décisionnel dans le comité de programmation, c’est un processus collectif mais chacun a une liberté totale de programmation à partir du moment où ça rentre dans le cadre esthétique, artiste émergent. On ne se ferme à aucun style, aucun genre. Mais il faut qu’il y ait une diversité de propositions, c’est important.
Les Urbaines est-il un festival avant tout dédié aux jeunes? S. A.: C’est concomitant avec cette idée d’esthétique émergente. Ces nouvelles propositions sont plus généralement portées par des jeunes, mais le public ne l’est pas pour autant; il est vraiment très diversifié au niveau des âges. C’est d’ailleurs toujours assez impressionnant et réjouissant pour nous de voir qu’on ne touche pas que des jeunes. Y. R.: On a mis un certain nombre de mesures en place pour favoriser la diversification des publics justement. On a notamment mis en place une garderie et on propose systématiquement des ateliers, qui sont aussi une manière pour certains d’avoir accès à des artistes ou à des projets d’une autre manière. Ensuite, on a aussi pris des mesures pour faciliter l’accès aux personnes en situation de handicap.
S. A.: C’est l’ADN du festival que de proposer gratuitement ces nouvelles esthétiques, sans s’adresser à un public en particulier.
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DIRECTEUR ET PROGRAMMATEUR