Saudi Aramco devrait réaliser la plus grosse entrée en bourse de l’histoire
Avec 25,6 milliards de dollar levés, la compagnie publique saoudienne va dépasser les 25 milliards de dollars levés par le groupe chinois du commerce en ligne Alibaba en 2014, selon des sources proches du dossier
Le géant pétrolier saoudien Aramco est parvenu à lever 25,6 milliards de dollar pour ce qui va devenir la plus grosse introduction en bourse de l’histoire, ont indiqué jeudi à l’AFP deux sources proches du dossier.
Les fonds levés valorisent l’entreprise saoudienne à 1700 milliards de dollars, loin devant Apple (1200 milliards), Microsoft (1140 milliards) et Alibaba (1051 milliards).
C’est toutefois moins que les 2000 milliards de dollars visés par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors de l’annonce du projet il y a quatre ans. A l’époque, Aramco souhaitait lever 100 milliards de dollars et avait dû reporter par deux fois l’opération, faute d’obtenir satisfaction.
Premiers pas boursiers sur la bourse de Riyad
Le groupe saoudien devrait faire ses premiers pas boursiers sur la place locale, le Tadawul, le 12 décembre en cédant 3 milliards d’actions, soit 1,5% du capital, au prix unitaire de 32 riyals (8,53 dollars), ont encore dit les sources.
C’est le haut de la fourchette de 30 à 32 riyals que s’était fixée le mois dernier le groupe, alors que les grandes banques conseillant l’entreprise dans cette transaction avaient demandé aux autorités saoudiennes d’être prudentes afin d’éviter les secousses lors des premiers jours de cotation. Une annonce officielle est attendue ce jeudi.
Ce sont principalement les Saoudiens qui ont souscrit à cette opération, les grands investisseurs étrangers s’interrogeant sur la gouvernance, la capacité du groupe à protéger ses installations pétrolières et la pérennité de ses bénéfices face au durcissement des politiques environnementales à travers le monde.
Certains investisseurs étrangers se demandent s’ils auront leur mot à dire sur la gouvernance vu l’emprise du gouvernement saoudien sur l’entreprise, tandis que d’autres jugent Aramco surévalué comparé à des rivaux comme ExxonMobil, Royal Shell Dutch ou encore Chevron.
La semaine dernière, l’entreprise a annoncé que les souscriptions des particuliers, terminées le 28 novembre, avaient atteint environ 11,5 milliards d’euros, avec près de 5 millions de souscripteurs. Pour inciter les Saoudiens à acheter des titres, de nombreuses initiatives avaient été lancées, comme la facilitation des prêts proposés par les banques et des discours nationalistes érigeant l’investissement en devoir patriotique.
Promesse de 75 milliards de dollars de dividendes en 2020
Aramco a également fait miroiter aux investisseurs locaux des promesses de dividendes plus élevés et la possibilité d’obtenir gratuitement d’autres actions s’ils conservent leurs titres un certain temps. Il promet 75 milliards de dollars de dividendes en 2020.
Certaines des familles les plus riches d’Arabie saoudite ont été poussées à investir, notamment le prince milliardaire Al-Walid ben Talal, qui faisait partie des hommes d’affaires enfermés dans l’hôtel Ritz-Carlton de Riyad pendant une vague de répression «anticorruption» de 2017.
Les fonds levés par Aramco lors de son entrée en bourse doivent servir à financer la diversification d’une économie aujourd’hui ultra-dépendante de l’or noir.
Aramco est le joyau économique de l’Arabie saoudite et produit environ 10% du pétrole mondial, de sorte qu’acheter des titres de la société revient à faire un pari sur la hausse continue des prix de l’or noir. L’entreprise est considérée comme le pilier de la stabilité économique et sociale du royaume.
Elle n’a toujours pas complètement abandonné son projet de lever des fonds supplémentaires en s’introduisant sur une place financière internationale comme New York, mais cela repose sur l’accueil qu’elle recevra à la bourse locale.
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Les fonds levés valorisent l’entreprise saoudienne à 1700 milliards de dollars