L’antispéciste incarcéré recourt au Tribunal fédéral
L’avocat du militant condamné estime que la liberté de croyance et d’opinion de son client a été violée lors de sa détention préventive de 11 mois, où il n’a pas eu accès à un régime alimentaire végane
Le droit à une alimentation végane doit être respecté en prison. C’est en substance l’argument qui motive le recours déposé samedi par Me Olivier Peter, avocat de Matthias*, militant antispéciste récemment condamné par la justice genevoise, qui a passé 11 mois en détention préventive à Champ-Dollon. L’avocat estime en effet qu’en refusant l’accès à un régime alimentaire équilibré végane, la direction de la prison a violé la liberté d’opinion et de croyance de son client, lui causant de surcroît des problèmes de santé. Il exige une indemnité de 3000 francs pour tort moral et la même somme pour les frais de procédure.
Plusieurs demandes pour un régime spécifique refusées
Soupçonné d’avoir caillassé des boucheries et vandalisé un abattoir, Matthias, 28 ans, a été condamné à 12 mois de prison ferme par le Tribunal de police en novembre dernier, après avoir obtenu l’acquittement sur près de la moitié des infractions reprochées (une vingtaine au total). Pour déterminer la peine, la juge a
La prison de Champ-Dollon a violé le «droit des détenus à une alimentation adéquate», selon l’avocat du militant
mis en avant la «faute conséquente» et la «détermination délictueuse» du jeune activiste, qui n’a formulé «ni remords ni excuses».
Lors du procès, les avocats des trois prévenus s’étaient fait l’écho des croyances antispécistes au sein desquelles l’alimentation joue un rôle clé. Durant son incarcération, Matthias a demandé à plusieurs reprises à obtenir un régime alimentaire végane, sans succès, dénonce Me Olivier Peter, qui recourt précisément contre ce refus daté du 3 décembre 2019.
La direction de la prison «s’est limitée à lui fournir des repas végétariens avec la possibilité d’avoir des rations supplémentaires de fruits, légumes, crudités et féculents», indiquant qu’il n’était pas possible «d’individualiser les repas de chacun» des détenus. «Aucune information n’est communiquée sur l’apport calorique ou protéinique du régime proposé», détaille encore le recours. Ce faisant, la prison a, selon l’avocat, violé le «droit des détenus à une alimentation adéquate».
En raison du «caractère inadapté de l’alimentation ainsi que de la durée de la détention», Matthias a développé «d’importants problèmes de santé et de digestion» nécessitant un traitement. Un rapport médical fait état de «constipation, carences en fer, carences en acide folique sans anémie».
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