Le Temps

Hercule et les douze métiers du théâtre

Un bel ouvrage illustré publie le texte d’«Hercule à la plage» de Fabrice Melquiot et présente les profession­s qui ont permis la création de ce spectacle

- MARIE-PIERRE GENECAND

Tout savoir du théâtre et voyager en même temps sur les épaules musclées d’Hercule, le héros aux douze travaux. C’est le joli pari que relève Hercule à la plage, un ouvrage illustré né du spectacle du même nom, créé par le Théâtre Am Stram Gram au Festival d’Avignon, cet été, et repris sur la scène des Eaux-Vives, à Genève, en novembre dernier.

D’un côté de ce livre publié à La Joie de lire, on savoure les mots de Fabrice Melquiot. Cette pièce à tiroirs où un trio, à l’âge adulte ou à l’âge ado, visite sa mémoire et incarne les différente­s fictions que chacun s’invente pour réparer ses déboires. De l’autre côté de cet ouvrage conçu par la graphiste Jeanne Roualet, on découvre les douze profession­nels qui ont permis au spectacle d’exister. Chacun raconte son métier et c’est parfois tout un pan de l’art dramatique qui s’éclaire.

Mariama Sylla confie que la fonction de metteur en scène demande de «gros coudes» pour se faire une place et un crâne solide apte à porter «un sacré paquet de trucs». Tamara Fischer, l’assistante, se voit comme «l’oeil de Moscou quand Moscou était encore Moscou». La productric­e Aurélie Lagille admet que «quand on parle de fric, on rigole moins», mais que «pourtant, certains producteur­s ne sont pas sans humour».

«Un tigre placide»

Khaled Khouri note que le scénograph­e doit s’entendre un peu avec tout le monde et, logique, avoir «un sens aigu de l’espace: si le mec ou la nana se cogne partout, méfiez-vous». Le régisseur

François-Xavier Thien se compare à «un tigre placide qui connaît la pression silencieus­e des tops et des go». Les quatre acteurs observent qu’ils disparaiss­ent et apparaisse­nt sans cesse sous leurs personnage­s.

La peintre Valérie Margot peint parfois «le temps, une patine de vie». La costumière Irène Schlatter ne manque jamais l’occasion de cajoler les comédiens, tandis que Simon Aeschimann, à la création son, transporte des «valises super lourdes remplies de bidules électroniq­ues»; la maquilleus­e Katrine Zingg montre à l’acteur «comment mourir sans douleur» et Rémi Furrer, à la création lumière, s’amuse de voir qu’«une bonne partie de l’espace [lui] appartient». Des photos d’Ariane Catton Balabeau accompagne­nt ces autoportra­its riches et malins.

«Le théâtre est, au premier chef, un service public, tout comme le gaz, l’eau et l’électricit­é», a écrit Jean Vilar, fondateur du Festival d’Avignon et père de la décentrali­sation. Avec cette présentati­on vivante des profession­s de la scène, on réalise encore mieux la légitimité de cette déclaratio­n.

■ Hercule à la plage, Fabrice Melquiot, Jeanne Roualet, Ed. La Joie de lire, 128 p.

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