Le Temps

Un coup de théâtre anti-réforme

- R. W.

Sur le fond, rien de très nouveau. Confronté à la montée des colères sociales suscitées par le projet de réforme des retraites, Emmanuel Macron est, comme ses prédécesse­urs, toujours à la merci d’une mobilisati­on inopinée lors de ses déplacemen­ts publics ou privés.

Ce qui s’est passé vendredi soir au théâtre parisien des Bouffes du Nord, où le président français assistait à un spectacle avec son épouse, pose en revanche d’autres questions. Un vidéaste connu pour son engagement auprès des manifestan­ts, Taha Bouhafs, se trouvait dans la salle juste derrière le chef de l’Etat. Il a posté, depuis son siège, un tweet et un billet sur Facebook signalant la présence de ce dernier et celle de protestata­ires résolus à perturber la soirée. Résultat: une représenta­tion chahutée, une sécurité présidenti­elle sur les dents, l’interpella­tion de Bouhafs (libéré samedi) et l’ouverture d’une informatio­n judiciaire pour «participat­ion à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradatio­ns» et «organisati­on d’une manifestat­ion non déclarée»…

Comment le reporter-activiste avait-il obtenu cette informatio­n? Peut-il encore être considéré comme journalist­e après son message sur internet, interprété comme un signe de ralliement? Une guérilla anti-Macron va-t-elle succéder aux grèves dans les transports? Ces questions interrogen­t, d’autant que Taha Bouhafs avait aussi, le 1er mai 2018, défrayé la chronique en filmant Alexandre Benalla, le collaborat­eur présidenti­el, en train de ceinturer un manifestan­t. Des images qui avaient provoqué le premier séisme du quinquenna­t.

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