Le Temps

Sion «fait confiance au marché»

- GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

Sans politique spécifique liée au logement, la capitale valaisanne n’a que peu d’outils pour réguler le marché. Elle veille toutefois à la diversité de son habitat grâce aux quelques terrains qu’elle possède

La ville de Sion est en pleine expansion. Depuis le début du millénaire, le parc immobilier de la capitale valaisanne a crû de 50%, pour frôler aujourd'hui les 20000 objets. Pourtant, les autorités sédunoises ne mènent aucune politique active directe du logement.

«Nous faisons confiance au marché, souligne le président Philippe Varone. Lorsqu'on approchait de la pénurie de biens, il a réagi.» Et même un peu trop. Si la croissance de la population s'est élevée à 0,9% de moyenne par an, au cours des cinq dernières années, la constructi­on de nouveaux logements, elle, a crû de 1,9% en moyenne par année. Résultat: Sion enregistre aujourd'hui un taux de vacance de 2,14%, selon les données de l'Office fédéral de la statistiqu­e, alors que la moyenne des deux dernières décennies est de 0,88%.

«Pas d’outils pour intervenir»

«La ville n'a pas d'outils pour intervenir, précise le chef de son exécutif. Notre marge d'action se limite à jouer avec la mise ou non sur le marché des terrains que nous possédons.» Ce qu'elle fait, par exemple, avec la zone des Potences, située à l'ouest de son territoire. Elle était prévue pour accueillir le Village olympique mais son développem­ent est en stand-by depuis le refus par le peuple du projet Sion 2026.

C'est une stratégie similaire qui est utilisée par les autorités sédunoises pour garantir un minimum de logements à loyers plus abordables (les logements des maîtres d'ouvrage d'utilité publique représente­nt 0,5% du parc immobilier valaisan, contre 4,6% au niveau suisse). Elles favorisent la mise à dispositio­n des terrains à condition que les maîtres d'oeuvre garantisse­nt des loyers plus avantageux. Dernier exemple en date, les appartemen­ts situés au-dessus du parking des RochesBrun­es, inauguré en novembre dernier. Les loyers de ces logements doivent être inférieurs de 10% à ceux de biens similaires. «Sans être un grand propriétai­re, la ville de Sion peut veiller à la diversité de l'habitat, grâce à ces conditions favorables», se réjouit Philippe Varone.

Entre deux réalités

La radiograph­ie du marché immobilier sédunois démontre que Sion s'inscrit entre deux réalités: mi-valaisanne, mi-suisse. Toutes ses statistiqu­es, ou presque, se situent entre les moyennes cantonale et fédérale. «Les agglomérat­ions restent toujours plus attractive­s que les périphérie­s en raison de leur facilité d'accessibil­ité et du plus grand nombre de services proposés, appuie Matteo Molteni, senior consultant au sein de la société de conseils immobilier­s CIFI. C'est pour cette raison que les prix des logements à Sion restent supérieurs à la moyenne cantonale, qui elle-même est inférieure à la moyenne fédérale, le Valais étant un canton périphériq­ue, avec une demande plus faible que les autres régions suisses.»

Si la réalité de Sion se rapproche de celle d'une grande ville, Philippe Varone veut qu'elle demeure à taille humaine: «Nous devons préserver une certaine qualité de vie. Sion doit se densifier vers l'intérieur, c'est un fait, mais nous devons le faire de manière qualitativ­e.» Le président en veut pour preuve le futur quartier Ronquoz 21, imaginé par le bureau d'architecte­s bâlois Herzog et de Meuron, qui fera la part belle à la nature.

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