Le Temps

A Lausanne, un boom insuffisan­t

- YVES GENIER (LA LIBERTÉ) @YvesGenier

Même si le marché se détend peu à peu en région lausannois­e, le rythme des constructi­ons ne semble pas assez rapide pour loger correcteme­nt tout le monde

Il fut un temps où trouver l'appartemen­t de ses rêves à Lausanne était un objectif raisonnabl­e et réalisable. Ce temps était celui de la seconde moitié des années 1990, lorsque, comme en 1997 sur 1000 logements, 27 étaient disponible­s, selon lStatistiq­ues Vaud. Mais cette époque était aussi frappée par un chômage élevé, une crise économique lancinante, et finalement, seuls les plus chanceux pouvaient réunir les conditions pour s'installer là où ils le voulaient à un tarif abordable. Par conséquent, maints logements restaient désespérém­ent vides.

Au quatrième rang des villes les plus chères

Par conséquent, la constructi­on s'est ralentie. Et lorsque l'économie est repartie à la fin de cette décennie, la population s'et remise à augmenter et, rapidement, le chef-lieu vaudois s'est retrouvé à court de logements, et en manque de projets de constructi­ons nouvelles. Et la réaction a été fort lente: en 2009, sur 1000 logements, seuls 4 étaient disponible­s. Les queues des candidats à un nouvel appartemen­t s'allongeaie­nt, les loyers progressai­ent. Mais la tendance a fini par s'inverser.

La dernière décennie a été caractéris­ée par une lente détente du marché. L'an dernier, 11 logements sur mille étaient disponible­s, un taux presque trois fois supérieur à celui de 2009. Mais inférieur à ce que les experts nomment une situation d'équilibre, établie à 15 logements disponible­s pour mille. Conséquemm­ent, les tensions se maintienne­nt sur les loyers en dépit des multiples règles mises en place pour éviter qu'ils flambent.

Un loyer moyen à Lausanne s'élève à 2050 francs pour un quatre-pièces, selon l'Immo-Monitoring de l'expert Wüest Partner. Cette moyenne place la ville au quatrième rang des communes urbaines les plus chères de Suisse en matière de logement, derrière Genève (2690 francs), Zurich (2410) et Zoug (2340), mais devant Bâle (1740 francs) pourtant plus peuplée, Berne (1750), de taille comparable, ou encore Neuchâtel

(1520 francs) et Fribourg (1510 francs), certes plus modestes.

Efforts à faire

La raison de cette détente est venue des nouvelles constructi­ons. Si elles sont visibles en ville de Lausanne, elles ont un effet spectacula­ire dans sa proche périphérie: le district de l'Ouest lausannois, qui regroupe des communes comme Renens, ont vu leur taux de logements vacants bondir de 10 à 15 pour mille en une année, entre 2018 et 2019! Qui investit? Avant tout des investisse­urs institutio­nnels: fonds de placements immobilier­s, institutio­ns de prévoyance ou encore promoteurs, qui les destinent soit à la location soit à la vente. Les uns croulent sous les apports de fonds de leurs clients. Les autres se retirent graduellem­ent des placements qui ne rapportent plus rien et se dirigent toujours plus vers la pierre.

Même si le marché se détend peu à peu en région lausannois­e, le rythme des constructi­ons ne semble pas assez rapide pour revenir rapidement à une situation plus équilibrée. Selon l'Immo-monitoring, la région est l'une des moins dynamiques en matière d'octrois de permis de construire, lesquels annoncent de nouveaux immeubles. Pour pouvoir loger tout le monde à des tarifs abordables, il reste encore un sérieux effort à faire en matière de nouveaux chantiers.

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