Beaucoup d’efforts restent à faire pour le climat
Sept entreprises suisses sont considérées comme des leaders de la lutte contre le réchauffement climatique, selon l’ONG de référence CDP (anciennement Carbon Disclosure Project). Au niveau mondial, 2% seulement des sociétés participantes atteignent cette
Quatre entreprises romandes figurent parmi les sept meilleurs élèves de Suisse en matière de lutte contre le changement climatique. Firmenich, Givaudan, Nestlé et SGS font partie des sociétés les mieux notées dans le classement 2019 de l’ONG CDP – anciennement le Carbon Disclosure Project – dévoilé ce lundi. Avec la Banque cantonale de Berne, Coca-Cola HBC et Panalpina, ce sont les seules entreprises suisses à avoir reçu la notation A, une appréciation accordée à 2% des participants à cette étude annuelle au niveau mondial. La preuve que beaucoup reste à faire pour limiter le réchauffement climatique, selon CDP.
Au niveau mondial, «les entreprises doivent encore faire beaucoup d’efforts pour être conformes aux Accords de Paris», qui prévoient de limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés d’ici à la fin du siècle, synthétise Steven Tebbe, responsable de CDP pour l’Europe, basée à Genève.
A peine passable
Depuis 2002, l’ONG allemande recueille des données sur l’empreinte carbone des principales entreprises de la planète. Sur les quelque 8000 sociétés qui ont participé à cette étude l’an dernier, la note moyenne est un D, sur une échelle allant de A à F. Ce qui correspond à quelque chose comme «à peine passable», voire insuffisant. L’équivalent d’un 1,5 sur 6, en notes scolaires.
Transparence
A l’inverse, qu’est-ce qui justifie que la Banque cantonale de Berne, Coca-Cola HBC, Firmenich, Givaudan, Nestlé, Panalpina et SGS figurent parmi les 179 entreprises mondiales au sommet du classement? «Une note A signifie que l’entreprise est la plus transparente et a obtenu la meilleure performance, poursuit Steven Tebbe. Cela ne signifie pas que ces entreprises sont parfaites; il s’agit d’une mesure relative, qui montre qu’elles sont en progression et qu’elles sont en avance par rapport aux autres, qu’elles ont les meilleures pratiques, que ce sont des leaders.» En clair, ces bons élèves sont conscients des risques environnementaux, les gèrent de manière plus efficace et font preuve de transparence.
La transparence est une notion centrale dans le travail de l’ONG allemande puisque son étude est mandatée par plus de 500 investisseurs institutionnels représentant la majorité des actifs gérés au niveau mondial. Grâce à ces données, ils peuvent évaluer le degré de risque de leurs investissements. Selon CDP, les sociétés notées A sont plus performantes. Celles qui sont cotées en bourse surperforment l’indice des actions globales de 5,5% par année en moyenne sur une période de sept ans.
Les sociétés sont interrogées sur l’impact de leur activité sur le climat, l’eau et les forêts, à travers leurs émissions de gaz à effet de serre dites de scope 1 (directement liées à leur activité) et de scope 2 (qui incluent en plus l’électricité achetée pour faire fonctionner les machines par exemple). «Nous essayons aussi d’évaluer celles de scope 3, mais elles sont beaucoup plus difficiles à évaluer», précise Steven Tebbe, qui est en poste depuis 2011. Ces émissions se produisent avant ou après l’activité d’une entreprise, par exemple lorsque des véhicules produits par un constructeur automobile circulent.
Un message destiné aux investisseurs
En 2018, seules quatre entreprises suisses avaient obtenu la meilleure note dans cette étude: la Banque cantonale de Berne, Firmenich, Nestlé et UBS. Sur plus de 17000 entreprises contactées l’an dernier par l’ONG allemande (un tiers sont cotées et deux tiers non cotées), 8000 ont répondu ou répondu de manière complète. Les 9000 autres ont donc reçu un «F».
«Cela envoie un message très clair aux investisseurs: on choisit de vous ignorer, de ne pas répondre aux questions des actionnaires. La moins bonne note est D –, mais elle est toujours préférable à un F», conclut notre interlocuteur. ▅