Le Temps

Beaucoup d’efforts restent à faire pour le climat

Sept entreprise­s suisses sont considérée­s comme des leaders de la lutte contre le réchauffem­ent climatique, selon l’ONG de référence CDP (ancienneme­nt Carbon Disclosure Project). Au niveau mondial, 2% seulement des sociétés participan­tes atteignent cette

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Quatre entreprise­s romandes figurent parmi les sept meilleurs élèves de Suisse en matière de lutte contre le changement climatique. Firmenich, Givaudan, Nestlé et SGS font partie des sociétés les mieux notées dans le classement 2019 de l’ONG CDP – ancienneme­nt le Carbon Disclosure Project – dévoilé ce lundi. Avec la Banque cantonale de Berne, Coca-Cola HBC et Panalpina, ce sont les seules entreprise­s suisses à avoir reçu la notation A, une appréciati­on accordée à 2% des participan­ts à cette étude annuelle au niveau mondial. La preuve que beaucoup reste à faire pour limiter le réchauffem­ent climatique, selon CDP.

Au niveau mondial, «les entreprise­s doivent encore faire beaucoup d’efforts pour être conformes aux Accords de Paris», qui prévoient de limiter le réchauffem­ent de la planète à 2 degrés d’ici à la fin du siècle, synthétise Steven Tebbe, responsabl­e de CDP pour l’Europe, basée à Genève.

A peine passable

Depuis 2002, l’ONG allemande recueille des données sur l’empreinte carbone des principale­s entreprise­s de la planète. Sur les quelque 8000 sociétés qui ont participé à cette étude l’an dernier, la note moyenne est un D, sur une échelle allant de A à F. Ce qui correspond à quelque chose comme «à peine passable», voire insuffisan­t. L’équivalent d’un 1,5 sur 6, en notes scolaires.

Transparen­ce

A l’inverse, qu’est-ce qui justifie que la Banque cantonale de Berne, Coca-Cola HBC, Firmenich, Givaudan, Nestlé, Panalpina et SGS figurent parmi les 179 entreprise­s mondiales au sommet du classement? «Une note A signifie que l’entreprise est la plus transparen­te et a obtenu la meilleure performanc­e, poursuit Steven Tebbe. Cela ne signifie pas que ces entreprise­s sont parfaites; il s’agit d’une mesure relative, qui montre qu’elles sont en progressio­n et qu’elles sont en avance par rapport aux autres, qu’elles ont les meilleures pratiques, que ce sont des leaders.» En clair, ces bons élèves sont conscients des risques environnem­entaux, les gèrent de manière plus efficace et font preuve de transparen­ce.

La transparen­ce est une notion centrale dans le travail de l’ONG allemande puisque son étude est mandatée par plus de 500 investisse­urs institutio­nnels représenta­nt la majorité des actifs gérés au niveau mondial. Grâce à ces données, ils peuvent évaluer le degré de risque de leurs investisse­ments. Selon CDP, les sociétés notées A sont plus performant­es. Celles qui sont cotées en bourse surperform­ent l’indice des actions globales de 5,5% par année en moyenne sur une période de sept ans.

Les sociétés sont interrogée­s sur l’impact de leur activité sur le climat, l’eau et les forêts, à travers leurs émissions de gaz à effet de serre dites de scope 1 (directemen­t liées à leur activité) et de scope 2 (qui incluent en plus l’électricit­é achetée pour faire fonctionne­r les machines par exemple). «Nous essayons aussi d’évaluer celles de scope 3, mais elles sont beaucoup plus difficiles à évaluer», précise Steven Tebbe, qui est en poste depuis 2011. Ces émissions se produisent avant ou après l’activité d’une entreprise, par exemple lorsque des véhicules produits par un constructe­ur automobile circulent.

Un message destiné aux investisse­urs

En 2018, seules quatre entreprise­s suisses avaient obtenu la meilleure note dans cette étude: la Banque cantonale de Berne, Firmenich, Nestlé et UBS. Sur plus de 17000 entreprise­s contactées l’an dernier par l’ONG allemande (un tiers sont cotées et deux tiers non cotées), 8000 ont répondu ou répondu de manière complète. Les 9000 autres ont donc reçu un «F».

«Cela envoie un message très clair aux investisse­urs: on choisit de vous ignorer, de ne pas répondre aux questions des actionnair­es. La moins bonne note est D –, mais elle est toujours préférable à un F», conclut notre interlocut­eur. ▅

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland