Le Temps

Continent cherche banque en bonne santé

- MATHILDE FARINE @MathildeFa­rine

Plus d’une décennie après la crise financière, le secteur bancaire européen n’a toujours pas retrouvé une bonne santé. Face à leurs concurrent­es américaine­s, les banques du Vieux-Continent font même pâle figure. Alors que les premières encaissent des milliards de dollars de bénéfice et voient le cours de leur action s’envoler, les secondes peinent à sortir des plans de restructur­ation.

Le groupe britanniqu­e HSBC, qui a annoncé ce mardi supprimer 35000 postes, soit près de 15% de ses effectifs, n’est que la dernière manifestat­ion de ce mal qui ronge le secteur. L’espace d’un instant, il permet de détourner l’attention de Deutsche Bank dont les déboires ont occupé la presse ces dernières années. Mais ni le groupe britanniqu­e ni son homologue allemand ne sont des cas isolés.

Comme beaucoup d’autres, HSBC réalise néanmoins des bénéfices. Mais cette rentabilit­é n’est pas jugée suffisante. Au point que, pour beaucoup, la solution passerait par la création de mastodonte­s issus de fusions, capables de tenir tête aux Citi, JPMorgan, Goldman Sachs et autres.

On en doute. Si l’enjeu est d’avoir une taille critique, des géants bancaires peuvent avoir des avantages. C’est le cas dans la gestion d’actifs, où l’envergure est importante pour attirer les clients et réduire les frais. Mais cela ne répond pas à la plupart des difficulté­s qu’ont cumulées les établissem­ents européens ces dernières années.

La crise de l’euro d’abord, qui a secoué un secteur déjà fragilisé par son implicatio­n dans les subprimes américains. L’économie européenne, restée au mieux morose cette dernière décennie, ne leur a ensuite pas permis de rebondir comme aux Etats-Unis où le marché intérieur a offert de nouvelles opportunit­és d’affaires. Obstacle supplément­aire, le marché européen est plus complexe et plus fragmenté. Enfin, les établissem­ents européens – et suisses en particulie­r – ont dû batailler avec une réglementa­tion bien plus importante et avec des taux d’intérêt négatifs. Deux facteurs qui rognent leurs marges. A cela devront s’ajouter la transforma­tion numérique à peine entamée du secteur et l’arrivée de nouveaux concurrent­s.

Les deux grandes banques suisses, Credit Suisse et UBS, n’échappent pas à ces tumultes. La première récolte enfin les fruits de sa restructur­ation, mais sa rentabilit­é reste en dessous de ce qu’espèrent ses actionnair­es. La seconde a achevé sa transforma­tion bien avant, mais elle vient de réduire ses ambitions de rendement des fonds propres.

L’enjeu dépasse le secteur bancaire: la place des banques dans le financemen­t des entreprise­s est plus importante en Europe qu’aux Etats-Unis, où le marché des capitaux y joue un rôle quasi égal. La bonne santé des banques est donc encore plus importante pour celle de l’économie.

L’enjeu dépasse le secteur bancaire

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