Le «Wunderkind» de la Paradeplatz
«Brillant», «hors de la norme», du genre dont on «n’en croise qu’un par génération», souffle un responsable qui l’a côtoyé à Credit Suisse. Iqbal Khan est LA star du moment dans le secteur bancaire. De père pakistanais et de mère suisse, il grandit à Karachi avant de s’installer à Zurich à l’âge de 12 ans. Trois ans plus tard, il entame un apprentissage dans une entreprise de comptabilité, puis il obtient un diplôme d’expert-comptable et rejoint EY en 2001, où il devient le plus jeune associé, à 31 ans.
On dit qu’il a toujours rêvé de travailler à UBS, dont il a été l’auditeur, mais c’est à Credit Suisse qu’une porte s’ouvre en 2013. Il bénéficie ensuite d’un rebattage des cartes par Tidjane Thiam, qui le nomme responsable de la gestion de fortune internationale avec des objectifs jugés très ambitieux et qu’il atteint pratiquement. «Il est brillant, mais il a aussi eu de la chance, il en faut dans ce domaine», poursuit le responsable. Parfait orateur, on lui prête aussi une capacité à mobiliser les équipes et un grand charisme, selon une autre personne qui a travaillé avec lui.
Mais il n’est pas sans controverse. «Il a mal géré sa popularité croissante», estime un responsable bancaire. Lorsqu’il a acquis la parcelle voisine de son chef Tidjane Thiam, beaucoup l’ont interprété comme une annonce peu élégante de son intention de briguer son poste. Puis il s’est impatienté et, alors que les relations s’envenimaient avec son chef, aurait été se vendre à Julius Baer et à UBS.
«Il a l’étoffe d’un patron, mais il a aussi un ego immense», poursuit notre interlocuteur, même dans un domaine où la confiance excessive en soi est la norme. Enfin, l’affaire des filatures pourrait encore lui jouer des tours: «Pourquoi a-t-il couru à la police? Vous avez vu le dommage pour la réputation de la place financière?» lui reproche un financier zurichois. A 44 ans, après six ans seulement dans le secteur bancaire et alors qu’il n’est chez UBS que depuis quelques mois et n’a pas encore fait ses preuves dans la division qu’on lui a co-confié, c’est trop tôt pour beaucoup d’observateurs.