Acquittements surprises d’opposants en Turquie
Le tribunal a libéré les meneurs du mouvement de Gezi en évoquant une «absence de preuves suffisantes»
Plusieurs figures majeures de la société civile turque, dont le célèbre mécène Osman Kavala, ont été acquittées mardi, une décision inattendue à l’issue d’un procès emblématique de l’érosion des libertés en Turquie. Le tribunal de Silivri, près d’Istanbul, a évoqué «l’absence de preuves suffisantes» pour appuyer les accusations de «tentative de renversement du gouvernement».
Les accusés étaient poursuivis pour leur implication dans des manifestations antigouvernementales en 2013, connues sous le nom de mouvement de Gezi. Pour nombre d’ONG, ce procès, qui reposait sur peu d’éléments concrets, visait à intimider la société civile pour dissuader toute nouvelle manifestation d’envergure contre l’actuel président Recep Tayyip Erdogan.
Osman Kavala, homme d’affaires et philanthrope de 63 ans connu des cercles intellectuels en Europe, était notamment accusé d’avoir financé le mouvement de Gezi. Il risquait la prison à vie.
Le «procès de Gezi» était emblématique des pressions croissantes contre la société civile en Turquie, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 contre Recep Tayyip Erdogan suivie de purges massives.
«Tout à fait inattendu»
Les acquittements mardi interviennent à la veille de la reprise d’un autre procès emblématique, celui de plusieurs défenseurs des droits humains, dont le président honoraire d’Amnesty International en Turquie, jugés pour «terrorisme».
Dans ce contexte, l’acquittement prononcé mardi était «tout à fait inattendu», a déclaré à l’AFP Andrew Gardner, chercheur à Amnesty International en Turquie. «Dommage qu’Osman Kavala ait été injustement emprisonné pendant tout ce temps.»
Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, l’un des principaux opposants du président, a salué une décision qui «renouvelle notre confiance dans la justice».
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