Le Temps

La raffinerie de Collombey s’apprête à disparaîtr­e

Le démantèlem­ent des installati­ons de l’usine débutera dans la seconde moitié de cette année et devrait durer près de cinq ans. Le site fera ensuite la part belle à une «industrie du XXIe siècle»

- GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

La flamme de la raffinerie de Collombey est éteinte depuis cinq ans, quasiment jour pour jour. Le délai accordé par le canton du Valais pour décider d’une éventuelle réaffectat­ion pétrolière du site est échu depuis la fin de l’année dernière. Si on savait depuis mai 2019 que, faute de repreneur crédible, malgré une cinquantai­ne de contacts, l’usine ne redémarrer­ait pas et qu’elle serait démantelée, on apprend désormais que ce travail débutera dans le courant du deuxième semestre de cette année et qu’il durera près de cinq ans.

«Nous avons l’obligation de débuter le démantèlem­ent de la raffinerie en 2020 et nous le ferons», assure Stéphane Trachsel, le directeur de Tamoil Suisse SA. Les travaux se dérouleron­t en deux étapes. Ce sont d’abord les 54 citernes, qui ne sont pas réutilisab­les, qui seront démontées. Puis, dans un deuxième temps, les unités de raffinage – 90 kilomètres de tuyaux pour 30000 tonnes d’acier – seront démantelée­s.

Rachat des installati­ons en kit?

«Il s’agit de haute technologi­e en bon état, étant donné que, depuis 2015, nous avons entretenu les installati­ons dans l’optique d’un éventuel redémarrag­e», souligne Stéphane Trachsel. Tamoil cherche donc à vendre tout ou partie de ces installati­ons pour faire diminuer le coût du démantèlem­ent, estimé à une dizaine de millions de francs. «Des discussion­s sérieuses et avancées existent avec des sociétés dans l’optique d’un rachat de la raffinerie, pour la relocalise­r à l’étranger», détaille le directeur de Tamoil Suisse, précisant qu’il s’agit uniquement d’entreprise­s européenne­s, qui ne jouent pas le rôle d’intermédia­ire.

Si un accord est trouvé avec une entreprise, c’est cette dernière qui effectuera, à ses frais, le démantèlem­ent et expédiera les unités, probableme­nt vers un marché dont les besoins en hydrocarbu­res sont importants, comme l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique du Sud.

Si tel n’est pas le cas, Tamoil se chargera de ces travaux, qui se feront en parallèle à l’assainisse­ment des cinq zones contaminée­s identifiée­s, soit 2% des quelque 120 hectares du site.

Il y a cinq ans, la mise à l’arrêt de la raffinerie de Collombey fut un coup dur pour toute la région. Près de 240 personnes ont perdu leur emploi. Avec les années, la cicatrice s’est refermée. Le démantèlem­ent des installati­ons met un point final à un chapitre dont l’écriture a débuté au début des années 1960. Et permet d’en commencer un nouveau. «Aujourd’hui, ce site n’est plus un poids, c’est une opportunit­é», affirme Yannick Buttet, le président de la commune de Collombey-Muraz.

«Redonner plus de sens à la nature»

Il est l’heure pour Tamoil et pour les autorités communales de songer à l’avenir du site, qui demeurera voué à l’industrie. Présidente de l’associatio­n Chablair, qui a pour but de promouvoir durablemen­t la qualité de la vie dans le Chablais, Carole Morisod espère que la réflexion sera globale et pas uniquement centrée sur l’aspect économique: «Il faut demeurer vigilant et, par exemple, éviter l’implantati­on de sociétés trop polluantes. Il serait intéressan­t de redonner un peu plus de sens à la nature sur cet espace.»

Sur ce point précis, Yannick Buttet se veut rassurant. «Il s’agira d’industrie du XXIe siècle. Nous soignerons la qualité de vie et l’environnem­ent», assure-t-il. Le président de Collombey-Muraz avoue d’ailleurs que, sur les premiers croquis réalisés du futur site, «il y a plus de vert que de gris» et évoque de possibles interactio­ns avec le Rhône ou la forêt qui borde cet espace. «Nous voulons faire un pied de nez au destin et faire de ce site, qui a abrité une raffinerie, quelque chose de très moderne», se réjouit-il.

Et pas question d’attendre la fin du démantèlem­ent pour s’y atteler. «Nous souhaitons réutiliser le plus rapidement possible les surfaces disponible­s, souligne Yannick Buttet. Dès que le démantèlem­ent d’une zone sera terminé, nous nous efforceron­s de trouver une ou des entreprise­s qui puissent s’y implanter.» ▅

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