Le Temps

Glencore veut réduire ses émissions de CO2

- RICHARD ÉTIENNE @RiEtienne

La multinatio­nale zougoise prévoit de baisser d’un tiers ses rejets de dioxyde de carbone d’ici à 2035. Le groupe a fait état d’une perte l’an dernier, à la suite d’une baisse des cours du charbon et du cobalt

Ivan Glasenberg portait une cravate noire mardi lors du point presse annonçant les résultats de l’année 2019 chahutée de Glencore. Le Sud-Africain milliardai­re, qui dirige le géant des matières premières depuis 2002, a de nouveau laissé entendre qu’il pourrait bientôt céder sa place. La multinatio­nale prépare sa «quatrième génération de hauts cadres», a-t-il glissé avant d’ajouter que son successeur serait certaineme­nt choisi en interne.

Le groupe zougois n’a eu que trois directeurs, dont son fondateur Marc Rich, en quarante-six ans. Des procédures en justice aux Etats-Unis et en Angleterre, pour soupçon de corruption, poussent l’entreprise à changer de patron, selon les analystes.

Pression des investisse­urs

Ivan Glasenberg a plutôt insisté sur les émissions de dioxyde de carbone générées par les produits du groupe: elles devraient baisser de près d’un tiers d’ici à 2035, anticipe-t-il. En grande partie parce que sa production de charbon doit décroître. «Nous prévoyons que nos ressources en charbon vont s’épuiser en Colombie et, dans une moindre mesure, en Afrique du Sud et en Australie», a-t-il indiqué. Le charbon colombien traverse une mauvaise passe car il est surtout acheminé en Europe, où l’on se détache avec cette énergie polluante.

Les émissions de CO2 sont divisées en trois catégories: «scope 1» couvre les émissions directemen­t émises par une entreprise, «scope 2» celles qui sont issues de l’électricit­é utilisée pour faire tourner les actifs d’un groupe et «scope 3» traite du reste, à savoir des émissions générées par les produits créés par un groupe. Ce sont ces dernières – en général les plus importante­s – qui doivent diminuer de 30% chez Glencore d’ici à 2035.

L’an dernier, la multinatio­nale a affiché son intention de ne pas produire plus de 150 millions de tonnes de charbon par an. Cette roche sédimentai­re combustibl­e, qui génère de gros revenus à moindre coût, représente près d’un tiers de son chiffre d’affaires. Les miniers et les extracteur­s de pétrole sont sous la pression des activistes et des investisse­urs toujours plus soucieux du changement climatique. Rio Tinto, BHP et Vale – les principaux concurrent­s du groupe zougois – ont réduit la voilure sur le front du charbon.

Focalisé sur les métaux des batteries électrique­s

Glencore ne devrait pas diminuer ses activités en la matière immédiatem­ent, lui qui anticipe une production de 140 millions de tonnes de charbon en 2022, comme en 2019. Pour le pétrole, il prévoit même des hausses de production. Pour satisfaire la demande en batterie électrique, le groupe entend accroître sa production de cuivre, de nickel, de cobalt et multiplie les accords en ce sens. Au début du mois, un contrat a encore été annoncé avec Samsung, selon lequel le suisse fournira jusqu’à 21000 tonnes de cobalt au coréen d’ici à 2024.

En 2019, Glencore a publié une perte de son bénéfice net de 404 millions de dollars, plombé par la chute des cours du cobalt et du charbon et les tensions commercial­es entre les Etats-Unis et la Chine. Ses ventes tournent autour des 215 milliards de dollars (en légère baisse) et son ebitda a reculé de 26%, à 11,6 milliards de dollars.

«Nous suivons de près l’actualité autour du coronaviru­s mais il est trop tôt pour en tirer des conclusion­s», a indiqué Ivan Glasenberg. Le patron relève tout de même que la demande chinoise en charbon diminue, ce qui pourrait avoir une incidence sur ses prix.

IVAN GLASENBERG PATRON DE GLENCORE

«Nous prévoyons que nos ressources en charbon vont s’épuiser en Colombie et, dans une moindre mesure, en Afrique du Sud et en Australie»

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland