Coop, un distributeur presque comme les autres
Le groupe a enregistré en 2019 une stagnation de ses ventes. Bio, e-commerce, franc fort… Les chiffres de Coop confirment, en bien ou en mal, les phénomènes éprouvés par le secteur du commerce de détail
La consommation stagne. Coop aussi. Avec ses 30,7 milliards de francs de revenus en 2019, dont presque 18 milliards dans la vente au détail, la coopérative est un baromètre. Après les cessions par son concurrent Migros de Globus et Interio notamment, elle est désormais le plus grand des deux géants de la distribution. Elle détient environ 35% des parts de marché du commerce de détail en Suisse. Et elle profite et/ou pâtit des mêmes tendances que l'ensemble du secteur.
Ses résultats annuels, présentés mardi à Muttenz (BS), confirment par exemple l'essor continu des produits bios: une croissance des ventes de 8,4%, à 1,8 milliard de francs. Et la conviction quasi absolue que l'objectif de 2 milliards en 2025 sera atteint.
Du côté des difficultés, les magasins Coop City. Pour la deuxième année consécutive, les ventes y ont reculé. Même si, en 2019, le repli de 0,6% (à 764 millions) est dû à des travaux, justifie le distributeur. Ce n'est pas nouveau, les commerces des centres-villes éprouvent des difficultés. En cause, notamment, les supermarchés situés en périphérie. Dans ces derniers, Coop a encaissé 10,5 milliards de francs l'an dernier. La fréquentation est en hausse, signale le groupe.
Le franc fort, double peine
L'autre phénomène qui pénalise les centres-villes, c'est la concurrence de l'e-commerce. Mais ce qu'elle perd dans ces magasins-ci, Coop en récupère une partie en ligne. Le chiffre d'affaires sur internet a progressé de 16,3% à 2,6 milliards, répartis entre 913 millions pour le commerce de détail et 1,7 milliard pour le commerce de gros et production. Dans ce segment, l'électronique grand public a enregistré une hausse de 17,5%, à 602 millions. Le site Microspot, par exemple, est en croissance de 15%, à 279 millions. Du côté alimentaire, Coop@ home, qui sera rebaptisé Coop.ch en avril prochain, a progressé de 5,4%.
Comme les autres, Coop subit les aléas du franc fort. Et même à double titre.
D'abord, parce que le tourisme d'achat regagne en intérêt et en vigueur. C'est en tout cas ce qu'indiquait un rapport de Credit Suisse publié en janvier: «Nous constatons qu'après avoir temporairement diminué, l'attractivité du tourisme d'achat pour les Suisses a de nouveau augmenté en 2019.» Les écarts de prix d'un panier moyen? 41% avec la France, 48% avec l'Allemagne et 42% avec l'Italie. Ce n'est pas un hasard si, mardi, Coop a annoncé l'élargissement de sa gamme à bas coûts Prix Garantie à plus de 1000 produits d'ici à la fin de l'année.
Ensuite, par rapport à de plus petites enseignes du pays, Coop a la particularité de réaliser un tiers de son chiffre d'affaires à l'étranger, via ses filiales Bell ou le grossiste Transgourmet. Sur les 9,4 milliards de ventes réalisées en monnaies étrangères, les taux de change ont eu un effet négatif de 380 millions de francs.
Coop ne ressemble ainsi pas seulement aux autres distributeurs. Elle a aussi des points communs avec les exportateurs. D'ailleurs mardi, son patron, Joos Sutter, n'a pas hésité à conditionner le degré de réussite de 2020 à l'évolution de l'euro. ▅