Le Temps

Erling Braut Håland, le prix du talent de la pépite de Dortmund

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L’une des particular­ités du sport US est de ne connaître qu’une seule période de transfert. En NHL comme en NBA, une date butoir unique marque la fin définitive des transactio­ns entre les franchises. Ce système a l’avantage de stabiliser les effectifs de chaque club avant les playoffs. C’est parfois très mouvementé et la perspectiv­e d’un transfert en pleine saison peut rendre les joueurs très nerveux. Mais c’est aussi très éprouvant pour les dirigeants qui doivent décider s’ils vont transiger, et devenir soit des acheteurs pour renforcer l’équipe à très court terme, soit des vendeurs afin de préparer l’avenir (en négociant des choix lors du prochain draft, en rajeunissa­nt l’effectif, en constituan­t des réserves).

En NBA, la date butoir était fixée cette année au 6 février. Elle a vu l’aboutissem­ent de 11 transferts conclus avant 15h, heure de New York. Parmi les plus importants, Golden State a obtenu l’étoile des Timberwolv­es, Andrew Wiggins, en échange d’Angelo Russell et deux autres joueurs, tandis que Cleveland s’offrait Andre Drummond des Detroit Pistons contre Brandon Knight et John Henson. Quant aux Los Angeles Clippers, aspirants au titre cette saison, ils ont mis la main sur Marcus Morris des New York Knicks, qui viendra solidifier l’attaque d’ici à la fin de la saison.

Mais ces transferts peuvent aussi être multilatér­aux et impliquer trois, voire quatre clubs. La plus grosse transactio­n de cette journée fut réalisée conjointem­ent par quatre clubs qui ont négocié entre eux pour trouver la combinaiso­n parfaite et conclure un méga-mouvement impliquant 12 joueurs et trois futurs choix de drafts. Au coeur de ce billard à quatre bandes, on retrouve notamment le Genevois Clint Capela, qui quitte Houston pour rejoindre les Atlanta Hawks.

Pour qu’un transfert aboutisse, il faut souvent une relation simple, conviviale et transparen­te entre les dirigeants des deux clubs. Alors imaginez le degré de complexité lorsqu’il y en a quatre, avec chacun des besoins et objectifs différents! Il faut avoir une bonne idée de ce que l’on veut faire, bien connaître les actifs des autres clubs, leurs besoins et leurs masses salariales, et commencer discrèteme­nt le dialogue avec un interlocut­eur à la fois.

L’intégratio­n de plusieurs équipes dans une transactio­n s’impose généraleme­nt lorsque le plafond salarial limite les dépenses en salaires. L’entrée en jeu d’un troisième ou quatrième club permet de compléter la transactio­n, et d’absorber un gros salaire au cas où la limite salariale est dépassée. Dans le cas qui nous intéresse, les Houston Rockets furent les instigateu­rs de l’opération mais, pour qu’elle aboutisse, ils durent convaincre les Atlanta Hawks, les Minnesota Timberwolv­es et les Denver Nuggets dans un effort de collaborat­ion collective mais surtout «stratégiqu­e».

Houston cherchait à modifier tactiqueme­nt le profil de son cinq majeur pour aligner des starters plus petits mais plus habiles avec le ballon. C’est pour cela que les 2,08 m de Clint Capela ont été expédiés vers Atlanta, qui possédait l’une des plus mauvaises défenses de NBA. Capela pourra renforcer cette unité avec les Hawks. En même temps, en cédant quatre joueurs et un choix futur à Denver, Houston libère plusieurs millions de dollars de sa masse salariale et évite de payer une pénalité pour avoir dépassé le plafond salarial cette saison. Denver a également envoyé quatre joueurs et un choix futur vers Minnesota qui, à son tour, a complété la boucle en offrant Jordan Bell et Robert Covington à Houston.

Contrairem­ent aux grandes ligues de football en Europe, les droits des joueurs en Amérique du Nord ne sont pas vendus d’un club à l’autre. On échange simplement des joueurs. Il peut arriver qu’un joueur ait besoin de changer d’environnem­ent ou qu’un club décide qu’il n’est plus utile. Mais l’objectif primordial demeure toujours d’améliorer l’effectif en place et de gagner. Et de trouver un autre club avec qui négocier. Comme on dit en anglais, «it takes two to tango». Ou quatre. ■

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RAY LALONDE / ALCOS

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