Le Temps

L’eau paralyse la moitié du tunnel du Lötschberg

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Une forte infiltrati­on d’eau et de sable a bloqué pendant quinze jours le tube est du tunnel de base, perturbant le trafic en direction du Valais. La circulatio­n sera rétablie vendredi, mais à vitesse réduite

Depuis quinze jours, le tunnel du Lötschberg, qui relie Berne au canton du Valais depuis treize ans, n’est utilisable qu’à moitié. Le tube oriental a dû être fermé à la suite d’une importante infiltrati­on d’eau et de sable qui ont formé une épaisse couche de boue sur plusieurs centaines de mètres. L’incident s’est produit le 6 février, à environ 2,5 kilomètres du portail sud, du côté valaisan. La présence d’eau a également été observée dans le boyau ouest, mais en quantité nettement moindre. Une partie du trafic voyageurs et marchandis­es a dû être dévié par l’ancienne ligne, via Kandersteg. Cela a provoqué des retards pouvant aller jusqu’à plus de 20 minutes. Cette perturbati­on tombait d’autant plus mal qu’elle est intervenue au début des vacances de février.

Que s’est-il passé? La compagnie BLS a fait le point de la situation mercredi à Frutigen, à proximité du portail nord. «Nous avons eu de la chance dans notre malchance: cela s’est produit à un endroit où le tunnel est double», commence par relever Daniel Wyder, chef de l’infrastruc­ture au sein de la compagnie BLS. Le tunnel du Lötschberg mesure 35 kilomètres, mais seuls 14, du côté sud, sont entièremen­t doublés, 7, du côté nord, sont à voie unique, alors que, sur les 14 kilomètres médians, deux tubes ont été percés mais un seul a été équipé, cela par souci d’économies. Le doublement intégral est prévu dans le cadre des crédits ferroviair­es votés par le parlement pour la période 2030-2035.

Les ingénieurs restent perplexes. «Nous ne pouvons pas encore dire pourquoi autant d’eau s’est écoulée dans le tunnel à cet endroit», regrette Stefan Irngarting­er, chef du projet Alptransit chez BLS. La nature de la roche est pourtant connue. Ce passage est surplombé par une couche de calcaire entrecoupé­e de cavernes qui permettent à l’eau de s’infiltrer et de charrier du sable. Elle a été identifiée lors des travaux de constructi­on. Un système de drainage et d’étanchéité a été installé afin que les eaux d’infiltrati­on soient canalisées vers le portail sud. Il est contrôlé et vidangé une à deux fois par année. Il a probableme­nt été bouché par les eaux chargées de sable, qui se sont alors écoulées dans la galerie en se glissant entre deux plaques de béton. Pour en savoir plus, il faudrait percer le mur, épais de 30 centimètre­s.

Des mesures d’urgence

Des mesures d’urgence ont été prises. Des drains et une quinzaine de cuves provisoire­s ont été installées dans la galerie pour recueillir l’eau et la boue. Des caméras de surveillan­ce ont été installées. Les travaux vont se poursuivre, principale­ment de nuit. Daniel Wyder annonce que la circulatio­n dans le tube nord-sud sera rétablie dès vendredi. Les trains circuleron­t cependant à vitesse réduite, à 60 km/h au maximum, contre 100 km/h dans le boyau sud-nord. Cela provoquera des retards de 2 à 4 minutes en direction du Valais. Les travaux ont déjà coûté de 2 à 2,5 millions. Mais la facture finale sera plus importante. Et la vigilance restera de mise, tout comme dans le tunnel du Gothard, qui n’est pas à l’abri d’un pépin similaire, selon un expert.

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