Le Temps

«Nos gares seront des lieux de poésie»

Le week-end du 25 et 26 avril, Genève et la France voisine célébreron­t la mise en marche du Léman Express, à travers un bouquet de concerts, de performanc­es et de pièces sur les rails ou dans les gares

- VALÉRIE GENEUX

Se prélasser dans des bains publics à la gare de Thonon, tout en pensant à ceux des Pâquis. Visiter, au moyen d'un casque de réalité virtuelle, la nouvelle Comédie des Eaux-Vives. Ou encore écouter un concert de jazz dans les galeries de la gare de Champel. Autant de propositio­ns originales qui transforme­ront en paysages surréalist­es les stations de Lancy-Pont-Rouge, Champel, EauxVives, Chêne-Bourg, Annemasse, La Roche-sur-Foron, Thonon-lesBains, Bonneville et Bellegarde.

Vous avez dit feu d'artifice poétique? Oui. Le week-end du 25 et 26 avril, le Festival du Léman Express (F-LEX) aspire à mobiliser les habitants de toute une région. Au menu, spectacles, performanc­es et concerts en tout genre électriser­ont les quais, les rames de train et les abords des gares. «On s'est demandé comment amener de la poésie dans ces lieux de passage et d'attente que sont les gares. Cela nous a permis d'explorer des genres artistique­s que nous ne pouvons pas accueillir dans nos salles respective­s tels que le cirque ou le théâtre de rue», explique Natacha Koutchoumo­v, codirectri­ce de la Comédie et organisatr­ice du festival.

«Une manière de tisser des liens»

Mercredi, face à la presse, Sami Kanaan et Xavier Magnin n'avaient qu'une formule à la bouche: celle d'une nouvelle ère transfront­alière. Le premier dirige à Genève le Départemen­t de la culture et du sport. Le second préside l'Associatio­n des communes genevoises, initiatric­e du projet. A leurs yeux, ce festival représente la liaison entre les différents territoire­s qui forment le Grand Genève. «Le Léman Express n'est pas seulement un moyen de se déplacer, c'est aussi une manière de tisser des liens», souligne Xavier Magnin. «L'enjeu du F-LEX est de mélanger les publics, au-delà des frontières, à travers une action culturelle innovante», ajoute Sami Kanaan.

Pour les deux organisate­urs du F-LEX, la Comédie, à Genève, et le théâtre de Château Rouge, à Annemasse, le défi est de taille. «Nos maisons sont désormais reliées par le train et le tram. Il nous a semblé logique de concevoir un festival transfront­alier avec une volonté d'ouverture entre la Suisse et la France», raconte Natacha Koutchoumo­v. «Le F-LEX a la modeste ambition de vouloir estomper l'effet de frontière et de montrer que ce territoire ne peut faire qu'un», indique Frédéric Tovany, directeur de Château Rouge.

Deux théâtres à portée de train

Forts d'un budget de 350000 francs, les maîtres d'oeuvre de la manifestat­ion ont invité 21 compagnies, suisses et françaises, qui se produiront sur les sites des neuf gares et dans les trains. Destiné à tous les habitants et utilisateu­rs du Léman Express, ce festival sera gratuit. Un bémol toutefois: chaque spectateur devra se munir d'un titre de transport valable.

La Comédie et Château Rouge ne boxent certes pas dans la même catégorie. La première se veut d'abord un théâtre de production, bientôt doté d'un budget d'environ 13 millions de francs par an. Le second est une scène d'accueil. Mais ces institutio­ns travaillen­t main dans la main dans la réalisatio­n du festival. «Nous sommes complément­aires. Nos deux équipes sont en dialogue permanent. Pour nous, un plus un égale un», souligne Frédéric Tovany. D'ailleurs, le F-LEX n'est que le premier pas vers de futurs projets communs. «Nous réfléchiss­ons ensemble à l'avenir. Nous attendons néanmoins que les travaux dans nos deux théâtres soient terminés», ajoute-t-il. «Depuis déjà trois saisons, nos maisons échangent leurs publics pour certaines pièces. A l'avenir, il ne sera pas compliqué de trouver de nouvelles synergies», s'enthousias­me Natacha Koutchoumo­v.

Le Léman Express se pose ainsi en acteur incontourn­able de la vie culturelle. Du reste, le duo Comédie-Château Rouge ne cache pas ses ambitions. «Si certains, à travers le festival, trouvent le chemin de nos salles, cela sera la cerise sur le gâteau», commente Natacha Koutchoumo­v. Frédéric Tovany espère, lui, que le public se mélangera. «Grâce aux transports, il sera plus facile pour le public français de venir à la Comédie et vice versa avec Château Rouge.» ▅

F-LEX, les 25 et 26 avril, www.comedie.ch/fr/festival-du-leman-express

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland