Le Temps

En Iran, les conservate­urs préparent les législativ­es. Reportage

- PAR L. L. PROPOS RECUEILLIS

L’ambassadeu­r de Suisse en Iran, Markus Leitner, détaille le mécanisme de paiement qui permet de vendre à l’Iran des produits helvétique­s de première nécessité

Fin janvier, la Suisse dévoilait la mise en oeuvre d’un mécanisme de paiement qui permet aux entreprise­s de vendre à l’Iran des biens humanitair­es non soumis aux sanctions américaine­s. La première livraison concernait des médicament­s contre le cancer et d’autres nécessaire­s lors de transplant­ations d’organes.

A Téhéran, l’ambassadeu­r suisse Markus Leitner décrit les perspectiv­es qu’ouvre ce «canal suisse».

Il y a deux semaines, vous ouvriez ici même les premiers colis de médicament­s provenant de Suisse grâce à ce nouveau canal. Où en est-on aujourd’hui? La transactio­n pilote s’est déroulée le 27 janvier. Elle représenta­it 2,3 millions d’euros, et les marchandis­es sont bien arrivées, ont été livrées et payées. Il nous reste à procéder à quelques ajustement­s techniques.

Qui a pris l’initiative de cette démarche? Nous nous sommes fondés sur un système analogue qui avait déjà fonctionné avant l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire iranien en début 2016. Mais certains contrôles et garanties supplément­aires ont été ajoutés. Nous voulons être parfaiteme­nt sûrs que ces biens humanitair­es ne sont pas sujets aux sanctions américaine­s et qu’ils parviennen­t bien à tous les Iraniens qui en dépendent.

Si ces produits sont hors du champ des sanctions, pourquoi faut-il donc mettre en place un pareil mécanisme? Auparavant, il était difficile de trouver des banques prêtes à participer au financemen­t car elles craignaien­t d’être coupées du marché financier et du clearing américains. Le Départemen­t du trésor des Etats-Unis donnera aux banques participan­tes les assurances nécessaire­s, de sorte que les transactio­ns financière­s soient conformes à la législatio­n américaine. L’accord prévoit que les transactio­ns se déroulent au sein de la Banque de commerce et de placements, dont le siège est à Genève. Aucune transactio­n ne s’effectuera directemen­t vers l’Iran.

Ce mécanisme peut-il être élargi à des entreprise­s non suisses? Non. Seules les entreprise­s ayant un siège en Suisse peuvent participer puisqu’il faut assurer la traçabilit­é des biens et du financemen­t. C’est aux Iraniens de savoir quels sont leurs besoins et combien ils entendent dépenser.

Ce «canal suisse» est-il en concurrenc­e avec le système Instex que veulent mettre en place les Européens? La Suisse ne fait pas partie d’Instex et le canal suisse n’est pas en concurrenc­e avec ce projet. Je suis convaincu que le lancement du mécanisme suisse aidera les autres canaux financiers potentiels à avancer.

Comment avez-vous obtenu la confiance des Américains? Le processus de négociatio­n a été très long. Il a fallu présenter notre modèle aux Etats-Unis, à l’Iran, mais aussi aux entreprise­s suisses. La Suisse bénéficie d’une bonne base de confiance à Washington. Ce sont nos collègues du Seco qui ont la responsabi­lité de ce programme.

AMBASSADEU­R EN IRAN

«Nous voulons être sûrs que ces biens humanitair­es parviennen­t bien à tous les Iraniens qui en dépendent»

 ??  ?? MARKUS LEITNER
MARKUS LEITNER

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland