L’heure du retour
Ils ont pris part à une entreprise criminelle. Commis de terribles exactions. Joui d’un pouvoir de vie et de mort dont ils n’auraient pu rêver dans leur pays d’origine. Les membres étrangers du groupe Etat islamique végètent désormais dans les prisons du Kurdistan syrien. Jusqu’à quand?
La ligne de beaucoup d’Etats européens, dont la Suisse, consiste à ne pas regarder le problème en face. Ils répètent qu’il faut juger ces djihadistes sur place. Pourtant, aucun mécanisme international digne de ce nom n’existe. Les autorités kurdes pourraient s’en charger, mais la question du maintien en détention à moyen et long terme des condamnés reste entière.
Cette politique de l’autruche prétend répondre aux attentes de concitoyens apeurés à l’idée de voir ces individus fouler de nouveau le sol helvétique. Mais elle est caduque depuis que la Turquie a déclenché son offensive en octobre dernier. Aujourd’hui, les forces kurdes opèrent entre un marteau turc et une enclume syrienne. Leur capacité à gérer des milliers d’hommes aguerris au combat et des centaines de milliers de femmes et d’enfants est, à chaque jour qui passe, plus limitée.
En admettant ce que préconisent déjà de nombreux experts en terrorisme, nos élus pourraient enfin tenir un discours de vérité à leurs concitoyens: un rapatriement s’impose. Au nom du principe d’humanité pour les enfants, car nul ne peut prétendre qu’un bambin serait irrécupérable. Au nom de nos principes juridiques, car un crime commis par un ressortissant helvétique dans un pays incapable de le juger doit être poursuivi ici. Et, surtout, au nom de notre sécurité nationale, car personne ne peut garantir que les plus dangereux individus ne parviendront pas à s’évader et à revenir ici pour semer la mort ou encourager leurs affidés restés en Suisse.
Les poursuites pénales seront ardues, le fardeau de la preuve difficile à apporter. Un vaste chantier judiciaire se présente à nous. Mais, comme nous le révélions il y a une semaine, un attentat de grande ampleur visant les citernes de Vernier a été déjoué par le Service de renseignement de la Confédération avec l’appui des Etats-Unis. Combien de fois aurons-nous cette chance?
▅
La ligne de la Suisse consiste à ne pas regarder le problème en face