Un Néerlandais innovant à la barre d’UBS
Le patron d’ING, Ralph Hamers, va remplacer le Tessinois en novembre prochain. Mis en avant pour son expertise dans le numérique, le Néerlandais découvrira en revanche complètement le domaine de la gestion de fortune
Sergio Ermotti ayant annoncé son départ pour novembre, c’est Ralph Hamers que la première banque de Suisse a appelé pour le remplacer. Actuellement directeur général d’ING, il a été choisi pour son expertise dans le numérique.
Quinze mois. C’est le temps qu’a pris le processus de sélection d’un successeur pour Sergio Ermotti. Un processus «méticuleux» et «rigoureux», selon un mémo du président du conseil d’administration, Axel Weber, envoyé aux employés mercredi soir et dont Le Temps a pris connaissance. Le comité de nomination a examiné des candidats «remarquables» venant de l’interne et de l’externe, a ajouté l’Allemand devant la presse jeudi matin à Zurich.
Cette conférence constituait l’occasion pour l’élu, Ralph Hamers, directeur général de la banque néerlandaise ING depuis 2013, de se présenter pour la première fois aux médias suisses. «Il y a toujours un moment dans la vie où l’on se demande: qu’est-ce qu’il y a d’autre? Où sont les nouveaux défis?» a déclaré le Néerlandais. Cest trouvé: il s’agira de remplacer Sergio Ermotti en novembre prochain. Il y entrera en septembre, afin d’assurer «une transition en douceur». Ces deux mois donneront le temps au nouveau responsable d’obtenir son «passeport UBS», selon l’expression d’Axel Weber.
A 53 ans, Ralph Hamers est un vétéran d’ING, qu’il a rejointe en 1991. Diplômé en économétrie de l’Université de Tilbourg, aux Pays-Bas, Ralph Hamers a occupé divers postes dont celui de responsable de la banque en Roumanie, puis en Belgique. Comme Sergio Ermotti, il a dû restructurer sa banque, qui, elle aussi, avait dû demander l’aide de l’Etat dans le sillage de la crise des subprimes et de l’euro. Coupes dans les effectifs, fermeture d’agences bancaires, le groupe avait dû se redimensionner pour rembourser l’Etat et survivre. Alors qu’UBS attend encore le règlement du différend en France, ING a aussi connu des affaires judiciaires. En 2018, elle a dû s’acquitter d’une amende de 775 millions d’euros (820 millions de francs) pour une affaire de blanchiment.
«Passer à la vitesse supérieure»
C’est son expertise dans la numérisation qui ont attiré UBS. «Il nous aidera à passer à la vitesse supérieure dans ce domaine», a assuré Axel Webel.
Dans une note, Vontobel confirme: Ralph Hamers n’a pas seulement «mené un changement fondamental dans le modèle d’affaires d’ING», il a aussi permis à la banque d’être considérée comme «un des meilleurs exemples du secteur dans l’innovation numérique». Dans un article du site Finews datant de 2017, Ralph Hamers explique que les banques doivent devenir des plateformes numériques où le client fournit et reçoit des services, à l’instar de Facebook ou Airbnb. «Quand est-ce que la première banque sans bilan bancaire apparaîtra?» demandait-il.
Le développement des outils numériques a permis à la banque de limiter les contacts avec la clientèle à des échanges numériques. Il expliquait par exemple qu’au deuxième trimestre 2017, 98% des 700 millions de contacts avec les clients s’étaient faits par des canaux numériques. Comme Apple ou Google, dont les utilisateurs peuvent choisir des applications d’autres entreprises, la banque du futur doit aussi proposer des services d’autres fournisseurs, «s’ils sont meilleurs».
Bond de la rémunération
De 54000 employés dans le monde pour ING, Ralph Hamers en supervisera plus de 60000 chez UBS. Mais le changement n’est pas là: le nouveau responsable passera d’une banque de détail au numéro un mondial de la gestion de fortune. Une inquiétude qu’Axel Weber a balayé: «Il s’agit de deux banques globales et systémiques, où la complexité de la gestion est la même, où les défis sont les mêmes.» L’Allemand a d’ailleurs insisté: il ne s’agit pas de bouleverser la stratégie de la banque, dont il a souligné la bonne santé, mais de la passer à la génération suivante.
La banque du futur doit proposer des services d’autres fournisseurs, «s’ils sont meilleurs»
A UBS, Ralph Hamers pourra espérer une augmentation de salaire de taille. En 2018, sa rémunération avait atteint 1,75 million. Sergio Ermotti avait, lui, empoché 13,8 millions de francs.
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