DÉPÔTS STRATÉGIQUES
«Le Temps» a publié une enquête – fortement reprise par d’autres médias – sur un projet d’attentat terroriste visant les dépôts pétroliers de Vernier. Vieux serpent de mer qui, tel la créature du Loch Ness, resurgit à l’approche des élections municipales. D’aucun groupe électoral s’en est déjà saisi pour le prochain scrutin du 15 mars! L’ennuyeux est que nombre de personnes vont appuyer les revendications de déplacement des dépôts, alors que la commune et le canton n’ont aucune compétence dans ce dossier traité par la Confédération au nom d’une stratégie fédérale étalée sur l’ensemble du territoire helvétique. Genève est le canton le plus occidental de la Suisse et n’est relié à la Confédération que par un étroit territoire d’une largeur de 2 km à hauteur du Vengeron. Tout comme l’unique voie ferrée GenèveLausanne, cela pose un certain nombre de problèmes d’«étranglements». Donc, réserves d’hydrocarbures il doit y avoir sur le territoire genevois, d’autant plus avec la présence de l’aéroport de Cointrin. L’alimentation des dépôts s’effectue par le rail, omniprésent à Vernier (ce qu’a recherché Ikea du reste), ainsi que par un oléoduc en provenance directe de Fos-sur-Mer.
Quand bien même le risque d’incendie d’une citerne est faible, d’importantes mesures de prévention ont été prises depuis des décennies. Ainsi, un réseau souterrain d’eau d’extinction, et surtout de refroidissement, avec une station de pompage de grande capacité, du Rhône, tout proche, a été construit avec des points d’alimentation multiples aux abords des dépôts. Le réseau ferré qui pénètre sur les sites permet également – outre les forces des sapeurs-pompiers genevois – l’intervention in situ des convois d’extinction des CFF basés à Genève et Lausanne. En conclusion, il serait dommageable de laisser entendre que les dépôts pétroliers de Vernier pourraient être déplacés… ailleurs! Seule la diminution de la consommation des produits pétroliers permettra de réduire l’emprise des réserves stratégiques obligatoires, ce qui a déjà conduit à la désaffectation des dépôts d’Avully et de La Plaine.