MOUTON NOIR
Je m’étonne des «réformes» envisagées par Rebecca Ruiz (évoquées dans «La surveillance excessive divise le PS», LT 11.02.2020). Pointer les bénéficiaires de l’aide sociale et affirmer qu’il faut agir contre les abus en les traçant comme les criminels est choquant. Stigmatiser un groupe, le désigner comme mouton noir est une stratégie chère à l’extrême droite. L’électorat de gauche s’attend à plus d’intelligence et de finesses de sa part! Il serait intéressant que notre ministre explicite son concept de sécurité sociale «octroyer des prestations de manière due et de manière juste». N’est-il pas le même que celui des assureurs maladie? Ceux qui suspendent leurs prestations et considèrent «juste et équitable» de poursuivre les bénéficiaires de subsides n’ayant pas intégralement réglé leurs primes à cause de la lenteur des décisions de cet octroi? En tout cas, Mme Ruiz ne s’oppose pas à cette conception d’équité…
Tous n’ont pas la chance et la possibilité de «trafiquer» leur contrat de travail. Pour certains bénéficiaires de l’aide sociale, le travail au noir serait de la survie. Cependant, le problème est aussi structurel et l’Etat ne propose rien. Rien n’est plus difficile pour des personnes à l’équilibre financier fragile que des retards de versements. Plusieurs mesures simples peuvent permettre un cadre sain et inciter les bénéficiaires à déclarer tous leurs revenus. Pourquoi ne pas s’y pencher? En outre, je ne comprends pas en quoi tracer des «abuseurs» prouverait qu’ils travaillent au noir.