L’ADN de Sophia Genetics s’américanise
Changement de tête au sommet de la pépite vaudoise. Troy Cox succède au Belge Antoine Duchateau à la présidence du conseil d’administration. Un profil taillé sur mesure pour passer à la vitesse supérieure sur le marché américain
Une longue et prolifique carrière dans le biomédical aux Etats-Unis doublée d’une solide formation commerciale; Troy Cox semble particulièrement bien armé pour aiguiller Sophia Genetics dans les eaux américaines. Sur le papier, son profil épouse de surcroît remarquablement bien celui, plus scientifique, du biologiste moléculaire Jurgi Camblong, cofondateur et directeur général de Sophia Genetics.
L’annonce faite jeudi par la start-up vaudoise représente donc une étape logique dans son développement fulgurant. La nomination de l’Américain à la tête de son conseil d’administration pour succéder au Belge Antoine Duchateau lui permet de renforcer son ancrage de l’autre côté de l’Atlantique. Là où son avenir se joue.
A cet égard, son nouveau président devrait se révéler un catalyseur appréciable pour favoriser l’essor de sa plateforme de données génomiques. L’outil aide les médecins d’un millier d’hôpitaux à poser leurs diagnostics. Il a, selon la société, favorisé le dépistage de 500000 patients.
Un pionnier de la médecine de précision
A en croire Sophia Genetics, ce chiffre progresse à un rythme annuel de 100%. Le carnet d’adresses de Troy Cox devrait se révéler précieux pour maintenir, voire accélérer la cadence, un impératif dans le big data médical.
Le nouveau président de la start-up de Saint-Sulpice présente en effet des états de service plutôt convaincants. Bien qu’il ne soit pas issu du sérail scientifique, il met très tôt ses compétences commerciales à profit dans le domaine pharmaceutique, en travaillant notamment pour les laboratoires Sanofi-Aventis.
Troy Cox perçoit surtout très tôt les nouvelles perspectives que le mariage de l’informatique, de la biologie et de l’ingénierie offrent, celles de développer une médecine personnalisée, gage d’une meilleure efficacité des traitements dans de nombreuses maladies.
A l’avant-garde de ce mouvement, l’entreprise californienne Genentech lui permettra d’étoffer son expertise. Il y oeuvrera en tant que responsable des ventes et du marketing de 2010 à 2017, soit après le rachat de ce joyau californien par Roche pour un montant de 47 milliards de dollars.
Un destin intimement lié à celui de Roche
Il y a trois ans, Troy Cox quitte le groupe pharmaceutique bâlois pour faire son entrée dans le monde des start-up. Il prend la tête de Foundation Medicine. Fondée sept ans plus tôt dans le Massachusetts, cette société s’est spécialisée avec succès dans le profilage génomique. Très tôt, elle aiguise des appétits. Dont celui de Roche, qui la rachète en 2018.
Mais cette fois, Troy Cox ne voguera pas longtemps sous pavillon bâlois. Il s’en va en 2019 et partage dès lors son temps entre divers conseils d’administration de sociétés actives dans le secteur de la santé. Il rejoint celui de Sophia Genetics en juillet dernier.
Le patron de Sophia Genetics, Jurgi Camblong, a donc eu neuf mois pour tester ses affinités avec son nouveau président. Pour que son entreprise poursuive sa folle croissance dans un domaine qui suscite bien des vocations, il faut évidemment que l’alchimie opère.
Si c’est le cas, l’expérience de l’Américain dans la recherche en oncologie devrait par exemple se révéler précieuse. Au côté d’une autre spin-off de l’EPFL, ADC Therapeutics, Sophia Genetics s’est lancée l’an dernier dans les essais cliniques. Elle entend utiliser sa
Le patron et fondateur de Sophia Genetics, Jurgi Camblong, a eu neuf mois pour tester ses affinités avec son nouveau président
Troy Cox sera surtout l’homme qui devrait piloter l’entrée en bourse de Sophia Genetics, qui emploie 335 personnes
technologie pour identifier des marqueurs biologiques qui expliqueraient l’échec des traitements chez certains patients atteints de leucémie ou ayant développé des lymphomes.
Mais Troy Cox sera surtout l’homme qui devrait piloter l’entrée en bourse de Sophia Genetics, qui emploie aujourd’hui 335 personnes. Prévue en 2019, celle-ci est maintenant annoncée pour 2021, une fois l’élection présidentielle américaine digérée. Il s’agira d’un exercice nouveau, différent pour celui qui a déjà expérimenté l’exercice du rachat.
Gageons d’ailleurs que Roche, qui fut à deux reprises son employeur, doit suivre de près l’expansion de la société vaudoise, qui ne ferait pas tache dans son portefeuille.
Mais Jurgi Camblong l’assurait encore au Temps en décembre dernier: Sophia Genetics n’est pas à vendre. Pour lui, l’avenir de sa société se fera sur les marchés boursiers plutôt que dans le giron d’un grand groupe pharmaceutique.
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