Le Temps

Elizabeth Warren hésite entre le coeur et la raison

La progressis­te a décidé de quitter la course à la Maison-Blanche mais refuse pour l’instant de soutenir officielle­ment Bernie Sanders ou Joe Biden

- VALÉRIE DE GRAFFENRIE­D, NEW YORK @VdeGraffen­ried

Alors que Tom Steyer, Pete Buttigieg et Amy Klobuchar ont pris leur décision avant le crucial Super Tuesday pour clarifier la situation, alors que Mike Bloomberg a déclaré forfait quelques heures après ses maigres résultats du 3 mars, pour soutenir, lui aussi, Joe Biden, Elizabeth Warren avait besoin de temps. Elle l’a pris, pour finalement annoncer jeudi ce qui devenait une évidence: pour elle, la course à la Maison-Blanche, c’est fini.

Pour Donald Trump, la candidate a annoncé son retrait «trois jours trop tard»

La très énergique candidate de 70 ans a fait de très mauvais résultats mardi. Elle n’a remporté aucun Etat, est même arrivée en troisième position seulement dans son propre Etat, le Massachuse­tts, et n’a obtenu, au total, que 65 délégués. Elle n’avait d’autre choix que de tirer la prise. Mais la véritable question est: au profit de qui? Du «socialiste» Bernie Sanders, dont elle est idéologiqu­ement le plus proche? Ce dernier lui a fait un appel du pied, inquiet de voir Joe Biden décoller en flèche alors que certains le pensaient politiquem­ent mort. Mais Joe Biden a également eu une discussion avec elle, après le Super Tuesday.

Tous deux vont devoir patienter. Elizabeth Warren ne veut pas encore apporter de soutien officiel à l’un ou l’autre candidat. «Pas aujourd’hui», a-t-elle indiqué depuis son Etat, lors d’une petite conférence de presse. En prenant son temps, la progressis­te veut s’assurer de faire le bon choix. Car la question que doivent se poser les démocrates est bien la suivante: entre Bernie Sanders et Joe Biden, qui est désormais le plus à même de battre Donald Trump? Joe Biden, populaire au sein de l’électorat noir, est, de par son positionne­ment de centriste, davantage capable de séduire des républicai­ns hésitants ou déçus par Donald Trump. Bernie Sanders, avec sa «révolution», propose, lui, un changement radical.

Entre le coeur et la raison, Elizabeth Warren a préféré ne pas choisir. C’est donc bien lors des prochaines primaires, qui auront lieu dès la semaine prochaine, qu’il sera possible d’évaluer vers lequel des deux candidats se tourneront le plus ses électeurs. A moins que la sénatrice ne se prononce avant.

Une pourfendeu­se de Wall Street

Ancienne professeur­e de droit, pourfendeu­se de Wall Street, Elizabeth Warren a fait son entrée dans la course très tôt, en décembre 2018, et se vantait d’être en mesure de rassembler les progressis­tes et centristes au sein d’un parti toujours plus divisé.

Jeudi, avant même qu’elle ne s’exprime depuis son fief, Donald Trump a réagi à la nouvelle sur Twitter, en la qualifiant une nouvelle fois d’«Elizabeth «Pocahontas» Warren». Pour le président, elle a annoncé son retrait «trois jours trop tard». Il estime qu’à cause de son choix, Bernie Sanders a notamment perdu le Massachuse­tts, le Minnesota et le Texas. «Et probableme­nt la nomination!»

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