Et le César de l’intelligence collective va à…
Nous avons tous fait cette expérience: nous réfléchissons à plusieurs lors d’une réunion et, à la fin, nous en sortons avec une meilleure idée que si nous avions travaillé tout seul dans notre coin… la plupart du temps sans savoir qui est l’auteur du coup de génie! Parce qu’elle est collective, la solution trouvée remporte l’adhésion d’un groupe dont chaque membre aura à coeur de la faire appliquer dans son secteur.
C’est une démonstration de ce que rend possible l’intelligence collective: avec de la créativité, en visant le bien commun et en refusant les ego trop affirmés, les réalisations finissent par suivre. L’actualité nous sert sur un plateau des exemples de triomphes ou d’échecs patents de l’intelligence collective. Dans le cadre du Covid-19, par exemple, l’équipe réunie autour d’Alain Berset gère – en tout cas jusqu’ici – avec professionnalisme, autorité et transparence la traversée de la tempête.
Ce n’était pas gagné. Dans une Suisse qui a souvent du mal à passer à la vitesse supérieure quand le cours des événements s’emballe, le citoyen pouvait craindre le pire. Il y a d’abord eu un premier constat rassurant. Cela paraît bête, mais on se rend compte dans de tels moments que des gens ont anticipé de telles situations de crise: il y a des lois et des règles, des dispositifs qui sont prévus à cet effet. Nous avons même parfois voté sur ces sujets qui nous semblaient jusqu’alors bien hypothétiques. Sacré moment que celui où l’on se rend compte que le malin de l’affaire, c’est nous! Et signe aussi que la démocratie reste un acte extraordinaire d’intelligence collective.
A d’autres occasions, un groupe ne parvient pas à surmonter une épreuve. La crise met alors en exergue l’incapacité de s’organiser face à une menace (le 11-Septembre aux Etats-Unis), à un accident prévisible (Tchernobyl en ex-URSS) ou à l’effondrement du sens commun (la France en 2020). C’est dans un moment comme celui de la présidence Macron – où objectivement les choses vont mieux du point de vue du chômage, critère déterminant s’il en est – que l’on mesure combien une communauté peut s’avérer incapable de trouver des solutions raisonnables à ses problèmes.
La cérémonie des Césars 2020, qui mettait sur scène tous les malaises du moment, l’a démontré. Chacun des participants qui s’exprimait (ou plutôt revendiquait) son identité avait raison pour lui et tort pour tous les autres. L’impossibilité d’envisager un horizon commun, de réfléchir ensemble et de ne surtout pas tomber dans ce fichu travers bien français, le recours ultime à un homme providentiel, semble mener le pays à sa perte.
A moins que. Car l’intelligence collective a ceci de réjouissant qu’elle augmente avec la proportion de femmes dans un groupe, la diversité constituant son principal carburant. Un collectif intelligent plutôt qu’un homme fort mais seul: la proposition a de quoi séduire.
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