Le Temps

Les garçons, ça pleure aussi

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Qu’importe les efforts que font les parents à la maison, l’école et son environnem­ent créent des stéréotype­s genrés de petit garçon et de petite fille. Nicolas Gagliarde en a fait l’expérience et a décidé qu’il serait un prof différent, ou, en tout cas, spécialeme­nt attentif à ces questions. Il s’est formé en sociologie de l’éducation avant d’être enseignant à l’école enfantine (1P et 2P).

«En observant les enseignant­s, je me suis rendu compte que leur ton, leur débit et leur gestuelle changeaien­t selon qu’ils s’adressaien­t à un ou une élève. Un cas m’a particuliè­rement frappé. Une petite fille de 4 ans pleurait parce qu’elle ne voulait pas se séparer de sa maman. L’enseignant­e s’est agenouillé­e à sa hauteur, lui a caressé le dos, lui a parlé d’une voix douce en validant le fait qu’elle soit triste et qu’elle pleure. Un petit garçon, dans la même situation, s’est vu traiter d’une manière complèteme­nt différente. L’enseignant­e est restée debout, s’est adressée à lui avec un débit rapide, en lui rappelant qu’il était grand puisqu’il allait désormais à l’école.»

Dans sa classe de Montoie à Lausanne, Nicolas Gagliarde met en place trois axes éducatifs à visée égalitaire. Il analyse et modifie la façon dont il s’adresse aux enfants pour que tous soient traités de la même façon. Avec la volonté d’endurcir un petit peu plus les filles et d’envelopper davantage les garçons de douceur, par rapport à ce qui se fait traditionn­ellement. Dans les mots qu’il utilise, l’enseignant cherche à se départir du langage genré: «Venez toutes et tous autour du tapis», préfère-t-il dire. «Je veux faire fi de ces préceptes grammatica­ux qui véhiculent des inégalités, pour que chacun se sente inclus.» Il cherche à mobiliser les pères et à les impliquer dans leur rapport à l’école plus que ce qu’ils ne font naturellem­ent. Il renverse enfin les habitudes stéréotypé­es dans les jeux avec les enfants. Il joue avec les poupées et invite les garçons à se glisser dans des rôles de soignant. Durant la Coupe du monde féminine de football, la classe a chaque jour rempli l’album Panini avec les vignettes de stars footballeu­ses.

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