La parité au sommet
En 2020, la majorité des grandes entreprises tiennent des discours sur leur représentation féminine. Les jeunes femmes sont largement représentées dans les études supérieures, et pourtant, au sommet, les chiffres ne bougent pas. Les conseils d’administration suisses comptent 17% de femmes en leurs rangs, les directions générales 7%.
Ministre des Finances et des Ressources humaines du canton de Genève, Nathalie Fontanet a décidé d’employer les grands moyens pour changer cela. «Je me suis rendu compte que sans obligation, sans quota, l’accession des femmes à ces sphères de pouvoir ne se ferait pas. J’ai déposé un projet de loi qui impose une quasi-parité dans les commissions officielles et les conseils d’administration ou de fondations des régies publiques qui se trouvent sous la compétence du Conseil d’Etat. Je ne fais pas cela contre les hommes, il ne s’agit pas de les exclure de la vie publique, mais je souhaite une représentation plus équilibrée.» Venant d’une libérale-radicale, la mesure peut surprendre. «En tant que conseillère d’Etat, je peux, et parfois même je dois, m’éloigner des prises de position de mon parti, et j’ai promis à mes électeurs de faire avancer l’égalité.» La ministre répète inlassablement à ses détracteurs qu’il n’y a pas d’opposition entre quota et compétences, et que les femmes appelées à siéger dans les conseils d’administration seront choisies pour leurs talents.
Le projet de loi connaît des difficultés à être accepté par le Grand Conseil: la commission législative bute sur des problèmes de mise en oeuvre. La solution, proposée par Nathalie Fontanet, était de demander aux entités représentées dans les commissions officielles et les conseils d’administration de systématiquement proposer une candidature féminine et une candidature masculine; il revenait ensuite au Conseil d’Etat de composer les commissions et les conseils de la façon la plus paritaire possible. Toutefois, le Grand Conseil ne souhaite pas se départir de cette compétence. Un compromis est en passe d’être trouvé.
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«Sans obligation, sans quota, l’accession des femmes à ces sphères de pouvoir ne se fera pas»
NATHALIE FONTANET, CONSEILLÈRE D’ÉTAT (GE)