Le diagnostic de genre
Les stéréotypes de genre peuvent conduire à une issue mortelle pour les patientes. Au CHUV, la médecin Carole Clair en est consciente et dédie sa carrière entre autres à cette thématique.
«Si l’on prend le cas des maladies cardiovasculaires, la mortalité après un infarctus est plus élevée chez les femmes. Cela peut être expliqué par le fait qu’avant, les maladies cardiovasculaires survenaient davantage chez les hommes, car c’étaient surtout eux qui fumaient. La situation a changé, mais la prise en charge ne s’est pas adaptée. Conséquence: nous remarquons une tendance à passer à côté d’un problème cardiovasculaire chez les femmes. Plusieurs diagnostics pourront être évoqués, comme les crises d’angoisse, avant que le bon ne soit correctement posé.» La douleur est un autre exemple. Pour une même manifestation de celle-ci, un homme est davantage pris au sérieux qu’une femme. «Il sera traité avec des opiacés, alors qu’on privilégiera les anxiolytiques pour elle.» La thématique touche tous les services, la recherche également, laquelle part souvent d’un standard masculin qui induit une médecine aveugle aux différences. «Les symptômes dits «typiques» ont été décrits sur la base de ceux présentés par les hommes. Pour l’infarctus, il s’agit d’une douleur dans la poitrine qui irradie dans la mâchoire et dans les bras. Chez les femmes, on observe souvent des présentations plus diffuses: une gêne dans la poitrine, sans franche douleur, avec des sensations de nausée.»
Carole Clair et son équipe créent en 2019 une unité «médecine et genre», et obtiennent un financement du Fonds national suisse. C’est l’une des premières unités de ce type dans le pays, et, depuis, elles réseautent avec les autres universités.
Au programme de première année de bachelor à Lausanne figure un cours d’introduction au genre, suivi en master de cours d’approfondissement et de séminaires facultatifs. En parallèle, Carole Clair entre en contact avec les responsables de l’enseignement pour les encourager à intégrer la dimension du genre dans leurs cours et sensibilise les différents services du CHUV.
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Aux urgences, un homme est davantage pris au sérieux qu’une femme