Ecole primaire: la grogne syndicale
La Société pédagogique genevoise appelle à une grève administrative dans tous les établissements. Elle menace de prendre d'autres mesures devant le refus du parlement d'embauches supplémentaires
Le syndicat genevois des enseignants du primaire est de fort mauvaise humeur. Devant le refus du Grand Conseil d’accorder au Département de l’instruction publique (DIP) les 155 postes que celui-ci réclamait, puis celui de la Commission des finances, qui en a finalement lâché 25, la Société pédagogique genevoise (SPG) a recours aux grands moyens. Dès lundi, elle appelle à une grève administrative généralisée. Et si cela ne suffit pas, elle passera la vitesse supérieure: la grève tout court.
La SPG, version genevoise des «gilets jaunes»? «Pas du tout, répond sa présidente, Francesca Marchesini, mais la rentrée scolaire n’est pas envisageable en l’état, avec près de 1000 élèves supplémentaires prévus» [850 exactement selon les prévisions actuelles, ndlr]. Les élèves n’ont pas de soucis à se faire, rassure-t-elle, «puisqu’ils recevront quand même leurs carnets scolaires». C’est heureux pour eux, mais le DIP voit d’autres conséquences fâcheuses: «Dans l’immédiat, la perspective d’une grève administrative pourrait entraîner un retard sur la délivrance des notes ainsi que de potentiels problèmes au niveau de la communication, entre les familles et le corps enseignant, par les canaux de messagerie électronique», réagit son porte-parole, Pierre-Antoine Preti.
Qu’espère le syndicat avec cette action de blocage? «Que le DIP retourne devant la Commission des finances pour des crédits complémentaires et les obtienne», répond Francesca Marchesini. Plus facile à dire qu’à faire, devant un parlement qui ne s’est pas plié à des demandes de postes supplémentaires au budget. La droite, à laquelle le MCG s’était rallié, avait estimé qu’en l’absence d’un plan de mesures structurelles et devant un déficit abyssal, il convenait de calmer les ardeurs d’embauche. En février, la Commission des finances agissait de même, ne lâchant que 70 postes au total. Mais le syndicat n’y a pas vu un solde de tout compte. Fidèle à la tactique éprouvée du rapport de force, il brandit une autre menace: si d’aventure les postes ne devaient pas être obtenus, la SPG exige une diminution de l’horaire scolaire: «Genève est un des cantons romands qui a le plus d’heures dans sa grille horaire, avance Francesca Marchesini. Retirer deux périodes nous ramènerait à la moyenne.» Pas sûr que ce marchandage qui touche au plan d’étude soit du meilleur effet auprès de la population. Quoi qu’il en soit, le DIP note avoir rencontré les partenaires sociaux, ce mardi, au sujet de la décision de la Commission des finances.
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