L’indice de la peur atteint un sommet
Le VIX, mesure de la volatilité, a explosé cette semaine, corrélé avec la dégringolade des marchés financiers qui s’est poursuivie vendredi. Le SMI a reculé de 4,05%. Les investisseurs attendent des programmes de relance
C’est du jamais vu depuis plus de dix ans. L’indice VIX, qui mesure la volatilité des marchés, a frôlé vendredi les 50 points, en parallèle avec les marchés financiers, qui ont poursuivi leur dégringolade. «Il montre que l’incertitude économique et financière a atteint un très haut niveau», commente Valentin Bissat de Mirabaud Asset Management à Genève. Depuis sa création en 1993, le VIX, aussi appelé l’«indice de la peur», avait atteint son plus haut fin 2008, touchant les 80 points. C’était le début de la crise des subprimes aux Etats-Unis qui, par la suite, avait rapidement contaminé l’Europe.
Techniquement, le VIX mesure le coût des options émises sur les titres du S&P 500 à Wall Street; il est considéré comme le meilleur indicateur de la nervosité des marchés. «Il reflète l’incertitude qui prévaut chez les investisseurs, poursuit Valentin Bissat. Dans une telle situation, les options, une sorte de contrat d’assurance, coûtent très cher.»
Volume de transactions en hausse
Cette nervosité s’est manifestée encore vendredi. C’est ainsi que le VIX a poursuivi son ascension, corrélé avec la dégringolade des places financières. A la clôture, le SMI, l’indice phare de la bourse suisse, avait cédé 4,50%. Le S&P, à mi-séance, perdait 2,05%.
«Le volume des transactions traitées en bourse est très important ces jours, relève Fabien Brügger, chef de la division Exécution des ordres pour la clientèle à la Banque cantonale vaudoise (BCV). D’un côté, des investisseurs vendent parce qu’ils veulent réaliser leurs bénéfices, limiter les pertes ou réallouer une partie de leurs placements. De l’autre, les acheteurs estiment que, après les baisses, certaines actions ont atteint un niveau de prix intéressant.»
Sur les dix dernières années, le VIX a atteint une moyenne de 16 points et sur les vingt dernières années, 20 points. «Arrivé à un niveau si élevé, il mettra un certain temps avant de se normaliser, poursuit Valentin Bissat. A moins qu’on n’ait rapidement une visibilité sur le plan du coronavirus et sur son impact.»
A ce propos, les marchés restent circonspects. «On peut constater historiquement que le VIX monte brusquement et baisse tout aussi rapidement, renchérit Fabien Brügger. Dans le cas présent, une baisse pourrait intervenir lorsque l’on aura trouvé une réponse à l’expansion rapide du coronavirus.»
Force est de constater que la fin de la crise du coronavirus n’est, à ce stade, pas d’actualité. Au contraire. Le nombre de victimes en Europe et aux Etats-Unis augmente. Conférences, salons annuels, assemblées générales d’entreprises et autres événements sont annulés ou renvoyés. Des millions d’enfants sont privés d’école. Plusieurs entreprises tournent au ralenti à cause de la rupture de la chaîne d’approvisionnement ou des mises en quarantaine.
Même les bonnes nouvelles sur le plan de l’emploi américain annoncées vendredi – les chiffres de création d’emplois pour le mois de février sont très solides, en augmentation de 273000 sur le mois – n’ont pas rassuré les marchés. Wall Street a ouvert la séance en forte baisse, confirmant l’inquiétude des investisseurs à propos du coronavirus et son impact sur l’économie.
La BCE attendue, le franc toujours plus fort
De la même façon, la décision surprise mardi de la Réserve fédérale américaine (FED) annonçant une baisse du taux d’intérêt de 0,5 point de pourcentage n’a pas renversé la tendance baissière de
Wall Street. Selon l’économiste de Mirabaud, il n’est pas certain que les politiques monétaires puissent avoir une influence rapide sur le VIX. «Malgré l’intervention de la Fed, les investisseurs restent inquiets de la propagation de l’épidémie aux Etats-Unis», analyse-t-il.
Pour Fabien Brügger, le reflux du coronavirus annoncé en Chine est réjouissant. «Mais il ne suffit pas pour réduire le niveau d’incertitude. Les indices boursiers ont baissé au fur et à mesure que l’épidémie se propageait à l’extérieur de la Chine. Pour que ceux-ci remontent, il faudrait des bonnes nouvelles dans d’autres pays.»
En réalité, après la décision de la Fed, les investisseurs s’attendent à ce que la Banque centrale européenne (BCE) vienne à son tour à la rescousse de l’économie par le biais d’une politique monétaire expansionniste. Sa présidente, Christine Lagarde, a promis des mesures «appropriées et ciblées». Elle pourrait les annoncer à l’issue de la prochaine réunion des gouverneurs qui aura lieu jeudi prochain. La Banque nationale suisse est aussi sous pression, notamment à cause du renchérissement du franc qui joue son rôle de monnaie refuge, mais qui pénalise l’économie suisse. Il est descendu vendredi sous les 1,06, à 1,0597 euro.
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Force est de constater que la fin de la crise du coronavirus n’est, à ce stade, pas d’actualité