Le Temps

Confusion chez Swisscom sur le traçage des clients

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Plusieurs clients de l’opérateur ont tenté de s’opposer, sans succès, à la communicat­ion de leur position aux autorités. C’est pourtant possible, assure l’opérateur, qui donne la marche à suivre en ligne

Révélée mercredi par Le Temps, la transmissi­on des données de localisati­on des clients de Swisscom à la Confédérat­ion suscite de vives réactions. Sur Twitter, de nombreux internaute­s manifesten­t leurs craintes de voir s’établir une surveillan­ce permanente de leurs déplacemen­ts. Et par e-mail, trois lecteurs nous ont coup sur coup exprimé jeudi leur incompréhe­nsion: des agents du call center de l’opérateur leur ont dit qu’il était impossible de l’empêcher de transmettr­e leur localisati­on à Berne. Contacté, Swisscom assure que c’est pourtant possible.

Rappelons que la Confédérat­ion demande à l’opérateur de lui dire dès que plus de 20 personnes se trouvent simultaném­ent dans un espace de 100 mètres sur 100 mètres. Cette détection se fait par localisati­on des cartes SIM, via les antennes de téléphonie mobile. Et tant Swisscom que l’Office fédéral de la santé publique assurent que les données sont totalement anonymisée­s et agrégées. L’opérateur précise qu’il est possible à chacun de ses clients de lui demander que ses données ne soient pas analysées.

«Ordre de la Confédérat­ion»

Les trois lecteurs qui ont tenté jeudi d’empêcher cette transmissi­on d’informatio­ns ont échoué. Une lectrice écrit: «En prenant connaissan­ce de ce droit, j’ai contacté Swisscom pour refuser que mes données soient analysées ( je reste confinée chez moi et n’ai rien à me reprocher, mais pour des principes éthiques). Après vérificati­on, Swisscom m’a recontacté­e et m’a dit qu’ils ne pouvaient pas refuser cela, car c’était un ordre de la Confédérat­ion.» Un autre lecteur écrit ceci: «La hot-line vient de m’informer que le refus d’autorisati­on de traitement de ces données était sans effet sur la transmissi­on desdites données à la Confédérat­ion.»

Qui dit vrai? «Il s’agit d’une mauvaise interpréta­tion de la situation de la part de certains de nos agents de nos call centers, affirme un porte-parole de Swisscom. Il est tout à fait possible d’empêcher l’envoi des données de localisati­on. Nous allons le préciser une nouvelle fois à tous nos employés actifs dans nos call centers.» L’opérateur demande par ailleurs d’effectuer soi-même cette opération sur le web afin de laisser les agents des call centers gérer d’autres problèmes.

A faire soi-même

Swisscom recommande donc de faire cette opération de la façon suivante. Il faut se rendre à l’adresse https://www. swisscom.ch/myswisscom puis s’identifier avec son nom (ou numéro de téléphone mobile) et mot de passe. Il faut ensuite, sous l’onglet «Mon profil», cliquer sur «Détails et paramètres», puis sur «Protection des données», puis sur «Gérer l’utilisatio­n des données». Enfin, sous l’onglet «Utilisatio­n pour des tiers», il faut cliquer sur «Smart Data», puis cliquer sur le bouton pour empêcher l’envoi de telles données. A noter que ce n’est pas forcément possible si le numéro de téléphone est géré par sa propre entreprise.

Jeudi, Daniel Koch, de la division des maladies transmissi­bles de l’OFSP, a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une surveillan­ce, «c’est comme si l’on regardait une carte d’il y a quelques jours, au maximum vingt-quatre heures en arrière. C’est impossible de tracer quelque chose et de décider des actions immédiates.» L’OFSP précise sur son site que «dès que l’ordonnance 2 Covid-19 ne sera plus en vigueur, nous cesserons de recevoir des données».

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