Le Temps

Qui soutient les mères pendant l’épidémie de Covid-19?

- LAETITIA AMMONCHANS­EL SAGE-FEMME, OSTÉOPATHE ET CRÉATRICE DE BLOOM&CO

Si devenir parent est source de beaucoup de questionne­ments, le climat actuel amplifie les craintes liées à la santé. Les futures mamans s’inquiètent en entendant les nouvelles: les cas de Covid-19 sont en augmentati­on quotidienn­e en Suisse et les scientifiq­ues annoncent que la situation est grave. Les instances de santé publique l’affirment: les femmes enceintes et les nouveau-nés ne représente­nt pas une population à risque. Ce discours médical est-il suffisant pour calmer des peurs primaires liées à notre fragile condition humaine face à un virus encore peu connu?

Les femmes enceintes, voyant les hôpitaux des pays voisins et du Tessin débordés d’urgences liées à l’épidémie se demandent comment leurs propres situations seront gérées en Suisse. Le système de santé helvétique, évalué récemment comme performant, doit aujourd’hui faire face à de nouveaux enjeux d’infectiolo­gie.

Les Hôpitaux universita­ires de Genève anticipent en demandant à tous leurs soignants d’annuler leurs vacances pour se rendre disponible­s. Une organisati­on a été mise en place pour gérer les cas de Covid19 au sein des unités obstétrica­les, les visites sont limitées au père de l’enfant et les patientes rentreront à la maison au plus vite après leur accoucheme­nt. Avec ces mesures, l’hôpital limite les risques d’infection entre patientes.

Le rôle des sages-femmes

Mais les nouvelles mères ont besoin de soutien pour démarrer leur nouvelle vie avec leur bébé. Prendre soin d’un nouveau-né n’est ni facile ni instinctif, encore plus lorsque l’organisati­on familiale est écartée. Un réseau de près de 260 sages-femmes indépendan­tes existe à Genève et s’apprête à soutenir les nouvelles mamans à leur retour à la maison pour remédier à la surcharge du système hospitalie­r. Leur mission est de garantir la santé des mères et des bébés. Mais l’art de la sage-femme comprend d’autres aspects tout aussi essentiels tels que rassurer les parents, leur donner confiance, soutenir l’allaitemen­t maternel et la mise en place des relations parents-bébé.

En Suisse, le rôle des sages-femmes indépendan­tes inclut le suivi du post-partum; les deux premiers mois après la naissance. Elles proposent des consultati­ons à domicile qui visent à surveiller la santé des patientes avant que reprenne un suivi médical.

Ces sages-femmes ne pratiquent souvent pas d’accoucheme­nt mais aspirent à donner naissance aux mères.

En cette période de crise sanitaire, les organisati­ons de sages-femmes sont inquiètes: comment répondre au mieux à toutes les demandes? Comment se protéger du virus et gérer les absences liées à la maladie? Certaines sages-femmes ont une santé fragile, d’autres ont des proches atteints par la maladie.

Patricia Mathieu, présidente de la section Genève de la Fédération suisse des sages-femmes, explique qu’une permanence est organisée à l’arcade des sages-femmes et par l’intermédia­ire du site internet de la fédération: www.hebammensu­che.ch. «Les sagesfemme­s

Les besoins sanitaires et le manque de soignants liés à cette crise suggèrent fortement le besoin d’évoluer vers une e-médecine pour pouvoir garantir la santé de la population

indépendan­tes doivent aussi se protéger du virus et nous avons eu toutes les difficulté­s à obtenir des masques. Bonne nouvelle: le service du pharmacien cantonal vient tout juste d’en mettre quelques-uns à dispositio­n!» raconte-t-elle, à moitié soulagée.

Les sages-femmes vont également utiliser les nouvelles technologi­es pour proposer des consultati­ons à distance dans les cas qui ne nécessiten­t pas de déplacemen­t. Une préparatio­n à la naissance via Skype, une consultati­on d’allaitemen­t via WhatsApp. Il s’agit d’innover dans un contexte inédit!

Rappelons que les sages-femmes sont un maillon indispensa­ble du système de santé en première ligne pour soutenir les mères pendant l’épidémie de Covid-19.

Les besoins sanitaires et le manque de soignants liés à cette crise suggèrent fortement le besoin d’évoluer vers une e-médecine pour pouvoir garantir la santé de la population. A chaque groupe profession­nel d’inventer une organisati­on qui ne déshumanis­e pas les soins.

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