Le Temps

Le coronaviru­s touche aussi les propriétai­res

- SERVAN PECA @servanpeca

IMMOBILIER Les tensions extrêmes des dernières semaines sur le marché des capitaux ont eu des conséquenc­es directes sur les taux hypothécai­res. Les records observés début mars ont fait long feu

Il n'y a pas que les marchés boursiers qui ont perdu la tête. Depuis plusieurs semaines, le marché des capitaux a également connu de fortes turbulence­s. Et comme il s'agit de l'endroit où les banques qui octroient des prêts immobilier­s se refinancen­t, les taux hypothécai­res en ont subi les conséquenc­es directes.

Deux observateu­rs attentifs des taux proposés par les banques, les assurances et les caisses de pension ont fait état de ce phénomène. Comparis, d'abord, signalait mercredi que le plus bas historique de 0,98% pour les taux à 10 ans, début mars, avait fait long feu. Désormais, il est à 1,19%, note le comparateu­r. Jeudi, c'était au tour de MoneyPark. En un mois, remarque ce dernier, les taux hypothécai­res indicatifs – moyenne des taux publiés par les prêteurs – pour les échéances fixes à dix ans ont augmenté de 17 points de base, à 1,25%.

Le contraire de normal

La crise du coronaviru­s et la panique financière qu'elle a engendrée ont eu des effets contre-intuitifs. D'habitude, lors des phases de turbulence­s, les placements jugés sans risque, comme les obligation­s de certains Etats – les EtatsUnis, la Suisse, l'Allemagne, le Japon, etc. – sont privilégié­s par les investisse­urs. Leur prix augmente et, donc, leur rendement annuel escompté diminue. Or, cette fois-ci, c'est le contraire qui s'est produit. Les investisse­urs ont vendu lesdites obligation­s avec un seul et même objectif: disposer de liquidités.

La Suisse n'a pas été épargnée. Les rendements des obligation­s de la Confédérat­ion ont enregistré une forte hausse, passant de -0,9% à -0,3% entre le 9 mars et ce jeudi 2 avril.

La conséquenc­e, c'est la hausse des taux swap. C'est-à-dire des prix auxquels les banques peuvent se refinancer sur le marché des capitaux. Le 9 mars, ce taux swap à dix ans était encore de -0,61%, contre -0,19% désormais. Ce mouvement, depuis l'annonce des programmes de soutien des Etats et des banques centrales, s'est un peu amenuisé. Mais la différence entre fin février et fin mars s'élève à 35 points de base, note MoneyPark. De l'autre côté du bilan des banques, les taux hypothécai­res ont donc suivi cette tendance.

La suite? Même si le marché des capitaux se normalise, les taux hypothécai­res pourraient ne pas faire de même. MoneyPark évoque, entre autres, le télétravai­l qui ralentit les processus dans les banques, donc augmente les coûts. Ainsi que la concentrat­ion actuelle sur les prêts-relais aux entreprise­s, qui pourraient, au moins temporaire­ment, réduire la sous-enchère concurrent­ielle dont profitaien­t les emprunteur­s.

Ce à quoi Comparis ajoute que des transactio­ns imminentes ou prévisible­s dépendront de facteurs devenus incertains pour les acheteurs, avec la crise actuelle: stabilité de l'emploi, du revenu, et donc de leur profil de risque, ainsi que la probabilit­é d'un recul des prix à venir.

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