Le Temps

Les grands détaillant­s sont également plombés par les fermetures

- RACHEL RICHTERICH @RRichteric­h

Effondreme­nt des chiffres d’affaires et peu d’emprise sur certaines charges fixes: de grandes enseignes s’attendent à des pertes en raison des restrictio­ns liées à la pandémie

Pâques approche, mais ne sera pas la période de fastes habituelle pour les détaillant­s cette année. Nombre d’entre eux sont fermés, en raison des restrictio­ns imposées par la Confédérat­ion pour faire face à la crise sanitaire. «En une semaine, nous avons perdu 80% de notre chiffre d’affaires», a signalé jeudi Jérôme Gilg, directeur général de Manor, au cours d’un séminaire en ligne organisé par l’Université de SaintGall. Et ce en dépit du fait que l’enseigne bâloise a pu continuer à exploiter ses supermarch­és alimentair­es, soit la moitié de ses magasins.

«Tous les investisse­ments ont aussitôt été bloqués. Chaque franc dépensé doit aujourd’hui être dûment justifié, dans un objectif de maîtrise stricte des coûts», a poursuivi Jérôme Gilg, précisant que 6000 collaborat­eurs sont au chômage partiel, soit les deux tiers des effectifs du groupe. Malgré cela, la situation demeure incertaine. En cause, les charges fixes, en particulie­r les loyers, sur lesquels les détaillant­s n’ont pas d’emprise, a-t-il avancé.

Marchandis­e inutilisab­le

Les frais de location représente­nt la moitié des coûts de Franz Carl Weber, qui compte 18 filiales dans des emplacemen­ts de premier rang. «Notre priorité, aujourd’hui, c’est de négocier une suspension avec les bailleurs», a indiqué Marcel Dobler, vice-président et copropriét­aire de l’enseigne de jouets, qui participai­t également à la présentati­on. Une mesure qui ne peut cependant qu’être de court terme, en raison de l’endettemen­t qu’elle génère, a insisté le conseiller national (PLR/SG), aussi connu pour avoir cofondé la plateforme suisse d’e-commerce Digitec Galaxus.

Outre ces difficulté­s, le secteur textile – magasins de mode et de sport – se retrouve quant à lui confronté à «des magasins et des entrepôts remplis de marchandis­e bientôt inutilisab­le», a de son côté regretté Erich Weber, directeur de l’enseigne saint-galloise Mode Weber. Ce en raison de la saisonnali­té des collection­s, a renchéri Patrik Pörtig, patron des magasins de sport Ochsner.

Jérôme Gilg pense pouvoir tenir le cap, en tablant sur une reprise à mi-mai. «Au-delà, nous entrerions dans une phase critique», a averti le patron de Manor. Un cinquième des 88 détaillant­s non alimentair­es sondés par l’Université de Saint-Gall pour sa présentati­on n’écarte pas complèteme­nt la possibilit­é d’une faillite.

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