Le Temps

Flou autour des analyses de Swisscom Les informatio­ns de localisati­on que transmet l’opérateur à l’OFSP ne sont pas rendues publiques

- A. S.

Il y a une semaine, Le Temps révélait que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) avait demandé à Swisscom des informatio­ns sur les attroupeme­nts. L’opérateur communique aux autorités des analyses sur les lieux publics qui regroupent plus

de 20 personnes simultaném­ent dans une zone de 100 mètres sur 100 (soit 10000 m2). Ainsi, la Confédérat­ion veut vérifier si l’article 7c, alinéa 1 de l’ordonnance 2 COVID-19 est respecté, soit l’interdicti­on des rassemblem­ents de plus de cinq personnes dans l’espace public.

Le système d’analyse est opérationn­el, mais plusieurs questions demeurent. A commencer par celle de la transparen­ce. Les informatio­ns que reçoit l’OFSP serontelle­s ensuite rendues publiques? Non, répond Berne, de même que Swisscom, qui affirme que «ce n’est pas prévu». Et pourtant, rappelons-le, les données sont entièremen­t anonymisée­s et agrégées – il est impossible de savoir quel individu se trouvait à quel endroit. L’OFSP reçoit chaque jour à 8 heures ces informatio­ns de la part de l’opérateur: un seul employé de l’office y a accès et les données datent de vingtquatr­e heures.

Données de déplacemen­t

Le fait que ni Swisscom ni l’OFSP ne transmette­nt ces informatio­ns est d’autant plus surprenant que, depuis le début de la crise, l’opérateur a déjà communiqué sur les changement­s d’habitudes de ses clients. Il a ainsi publié sur son site plusieurs graphiques montrant que les trajets ont sensibleme­nt diminué depuis les mesures prises par le Conseil fédéral. On voit ainsi au niveau de la Suisse, mais aussi des cantons de Vaud, de Genève, de Zurich et du Tessin, que la moyenne des kilomètres parcourus chaque jour a chuté d’environ 45 à 20.

Sylvain Métille, avocat et professeur en protection des données et droit pénal informatiq­ue à l’Université de Lausanne, regrette «le manque de transparen­ce autour de ce projet et l’absence de prise de position du préposé». En effet, le préposé fédéral à la protection des données et à la transparen­ce (PFPDT) ne s’est pas encore exprimé à ce sujet. Le 27 mars, il écrivait sur son site qu’il avait été informé la veille de l’accord entre Swisscom et l’OFSP: «Le PFPDT a reçu de l’OFSP et de Swisscom des documents pertinents sur le sujet. Tous deux ont également assuré au PFPDT qu’à l’avenir ils le tiendront informé en permanence des projets relatifs à la protection des données dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Le groupe de travail interne du PFPDT «Corona», créé le 24 mars, analyse actuelleme­nt ces documents.»

Précision en question

Enfin, le dernier point qui fait débat est celui de la précision des informatio­ns transmises: plusieurs observateu­rs estiment que déterminer si plus de 20 personnes se trouvent dans un espace de 10000 m2 ne dit absolument rien de leur proximité et donc du respect de l’ordonnance en vigueur.

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