Le Temps

La task force scientifiq­ue élabore le plan pour sortir du confinemen­t

- FABIEN GOUBET @fabiengoub­et

Les mesures de déconfinem­ent ne sauraient se résumer à retourner au travail avec un masque sur le nez: les scientifiq­ues réfléchiss­ent aux mesures précises à adopter pour éviter de futures flambées épidémique­s

«Sortir sans plan scientifiq­ue? Autant jouer à la roulette russe avec trois balles dans le barillet», lance Didier Trono. Pour le responsabl­e du groupe diagnostic et testing de la nouvelle task force scientifiq­ue suisse dédiée au Covid-19, la décision politique du déconfinem­ent devra être basée sur des critères scientifiq­ues précis et suivre un plan d’action défini par le gouverneme­nt avec l’aide de la task force, de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et d’autres entités compétente­s.

Rouvrir les commerces trop tôt, c’est la garantie de relancer l’épidémie si le nombre de personnes vulnérable­s au SARS-CoV-2 est trop important. Tout le travail consiste donc à évaluer le pourcentag­e de la population immunisée au virus. Les scientifiq­ues vont, avant tout déconfinem­ent, soumettre la population à des tests sérologiqu­es détectant la présence d’anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2, indice d’une immunité. Si le pourcentag­e de population déjà immunisée est très haut alors le déconfinem­ent pourrait commencer à être envisagé, «le virus n’ayant plus assez de personnes infectable­s dans la population», précise Didier Trono. Il est cependant peu probable que ce soit le cas, ce qui demandera un niveau de surveillan­ce très élevé lorsque des mesures de déconfinem­ent seront instaurées pour éviter l’émergence immédiate d’une nouvelle vague.

«Cette évaluation sérologiqu­e ne peut pas être entreprise à l’échelle du pays en deux ou trois semaines», prévient le scientifiq­ue. Néanmoins, certains groupes seront ciblés dans un premier temps soit du fait de leur importance stratégiqu­e, tels les travailleu­rs de santé, soit pour obtenir rapidement une image représenta­tive de l’ensemble de la population.

«Sauter» sur les malades

Et ce n’est qu’une première étape. Car une fois les Suisses en liberté dans la nature, de nouveaux cas de Covid-19 ne manqueront pas de survenir. «Il faudra alors avoir des mécanismes en place pour détecter les personnes infectées le plus vite possible [par exemple avec des contrôles de températur­e dans certains lieux publics], trouver leurs contacts, les tester et imposer à nouveau un confinemen­t aux porteurs du virus», poursuit Didier Trono.

Des mesures bien plus complexes que de se mettre un masque sur le nez. «Pour l’instant, nous en sommes au stade de la réflexion. Nous allons voir comment évolue la situation dans les deux ou trois prochaines semaines en Suisse et à l’étranger. Nous pourrons alors développer un plan précis, basé sur des modèles robustes», conclut Didier Trono. ▅

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