Le Temps

Garder le cap dans la tempête

- VINCENT JUVYNS STRATÉGIST­E J.P. MORGAN ASSET MANAGEMENT

Le premier trimestre de 2020 restera dans les annales comme l’une des pages les plus difficiles de notre histoire contempora­ine puisque, pour la plupart d’entre nous, qui n’avons pas connu la guerre, la pandémie de Covid-19 est la pire crise humaine, sociale et économique à laquelle nous ayons jamais été confrontés.

En effet, le coût humain, économique et financier de cette pandémie sera lourd, puisque l’on dénombre déjà près de 47000 morts dans le monde, et que les mesures de distanciat­ion sociales prises pour limiter la propagatio­n du virus devraient faire plonger nombre de pays dans une récession marquée en 2020. Face à ces perspectiv­es peu réjouissan­tes, la panique s’est en outre emparée des marchés financiers, à l’instar du S&P 500, qui n’avait pas baissé, de plus de 30%, aussi vite depuis 1987.

Sur le plan économique, la récession résultant du confinemen­t de plus d’un milliard d’individus devrait être plus forte que ce que l’on a jamais connu en temps de paix, mais on peut espérer que celle-ci ne soit que de courte durée. C’est ce que l’on a pu observer en Chine, pays qui, après moins de trois mois de confinemen­t strict de sa population, est relativeme­nt parvenu à maîtriser l’épidémie et à redémarrer son économie.

Rebond de l’activité au second semestre

Or, partout dans le monde, les gouverneme­nts imposent désormais ces mêmes mesures de confinemen­t à leur population et déploient parallèlem­ent des plans de soutien économique, d’une ampleur jamais observée par le passé, que les banques centrales aident à financer avec des baisses de taux et des rachats massifs d’obligation­s.

Ces différente­s mesures devraient permettre, d’une part, d’infléchir la progressio­n de la pandémie au second trimestre et, d’autre part, de circonscri­re son impact économique dans le temps en évitant une explosion du nombre de faillites et une baisse durable du pouvoir d’achat des ménages. Ainsi, bien que l’impact économique global de la pandémie de Covid-19 soit pour l’instant impossible à chiffrer, nous devrions observer un rebond d’activité au niveau mondial au second semestre comme on le voit actuelleme­nt en Chine.

Dans ce contexte, il est important de se rappeler que, en tant qu’investisse­urs de long terme, cela n’a pas de sens de sortir des marchés financiers après une correction si brutale. En effet, cette crise pèsera durablemen­t sur les taux d’intérêt, ce qui renforce plus que jamais la nécessité d’une exposition structurel­le aux actifs risqués, et si 2020 restera dans les annales comme l’année du virus en bourse, 2021 pourrait bien être l’année du rebond.

Enfin, à l’heure où la population s’interroge quant à la manière de soutenir «l’effort de guerre» face à la pandémie et à ses conséquenc­es économique­s, il est bon de rappeler que les investisse­urs ont également un rôle à jouer en continuant à déployer leur épargne à long terme pour soutenir l’économie, que ce soit par l’intermédia­ire d’achats d’obligation­s souveraine­s, de crédits aux entreprise­s ou de participat­ions au capital d’entreprise­s pharmaceut­iques.

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