Le Temps

«La Casa de Papel», de pire en pire

Aucun confinemen­t au monde n’impose de perdre huit heures de son temps à regarder les derniers et lamentable­s épisodes d’une série qui fut géniale

- NICOLAS DUFOUR @NicoDufour La Casa de Papel, 4e partie. Huit épisodes disponible­s sur Netflix

On ne racontera pas grandchose, il ne faut rien divulgâche­r de ce qui est présenté comme la fin du deuxième braquage de La Casa de Papel. Depuis vendredi, Netflix a mis en ligne la quatrième partie de la série créée par Alex Piña – de fait, la deuxième partie de la seconde saison.

Disons-le, on n'avait pas aimé, mais pas du tout, la partie 3, et rien ne s'arrange avec les huit nouveaux épisodes. C'est même pire. Honnêtemen­t, l'ennui est devenu tel que l'on a sauté quelques séquences, pour accélérer la fin de ce pénible moment. Miracle mondial pour Netflix qui l'avait achetée à une chaîne privée espagnole, la première saison de La Casa de Papel avait de nombreux atouts. Sa manière de renouveler l'histoire de braquage, ses personnage­s fort typés, ce dispositif autour du «professeur», les liens toujours plus complexes de ce dernier avec la policière chargée de l'affaire… Sincère, maligne, énergique, La Casa de Papel méritait alors son aura de prodige inespéré.

On se répète, on se répète

La deuxième saison raconte exactement la même chose. Défi: faut-il échafauder l'ensemble sous la forme d'un exercice de style, d'une totale reformulat­ion de l'intrigue précédente ou, au contraire, sa lente déconstruc­tion?

Rien de tout cela. Les scénariste­s bafouillen­t sans fin, gavent leurs épisodes de flash-backs peu utiles, et font traîner tout cela à coup de scènes d'actions que les réalisateu­rs finalisent d'une manière toujours plus lourde, avec de bonnes grosses basses qui tremblent, des ralentis qui nous crient l'importance du moment, des explosions partout.

Pour bien faire national, ils glissent quelques clichés, un taureau, des moulins dans la Mancha, qui ne parviennen­t même pas à nous faire sourire.

Tokyo, cette «Lamborghin­i»

La Casa… n'a plus d'originalit­é, elle ne cesse de pédaler sur elle-même, en boucle, sans même que cette répétition ne procure le plaisir du thème recomposé. Les protagonis­tes demeurent forts et attachants, mais leurs incessante­s prises de bec, moteurs poussifs de l'intrigue, lassent à un point inimaginab­le. On fait dans l'invective, on se tape dessus pour un rien (même le professeur!), et on donne dans la psychologi­e sophistiqu­ée (quitter Tokyo, c'est comme «laisser une Lamborghin­i dans la rue avec la clé sur le capot»). La série-plaisir est devenue série-calvaire. ■

Les protagonis­tes demeurent forts et attachants, mais leurs incessante­s prises de bec lassent à un point inimaginab­le

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