«La Casa de Papel», de pire en pire
Aucun confinement au monde n’impose de perdre huit heures de son temps à regarder les derniers et lamentables épisodes d’une série qui fut géniale
On ne racontera pas grandchose, il ne faut rien divulgâcher de ce qui est présenté comme la fin du deuxième braquage de La Casa de Papel. Depuis vendredi, Netflix a mis en ligne la quatrième partie de la série créée par Alex Piña – de fait, la deuxième partie de la seconde saison.
Disons-le, on n'avait pas aimé, mais pas du tout, la partie 3, et rien ne s'arrange avec les huit nouveaux épisodes. C'est même pire. Honnêtement, l'ennui est devenu tel que l'on a sauté quelques séquences, pour accélérer la fin de ce pénible moment. Miracle mondial pour Netflix qui l'avait achetée à une chaîne privée espagnole, la première saison de La Casa de Papel avait de nombreux atouts. Sa manière de renouveler l'histoire de braquage, ses personnages fort typés, ce dispositif autour du «professeur», les liens toujours plus complexes de ce dernier avec la policière chargée de l'affaire… Sincère, maligne, énergique, La Casa de Papel méritait alors son aura de prodige inespéré.
On se répète, on se répète
La deuxième saison raconte exactement la même chose. Défi: faut-il échafauder l'ensemble sous la forme d'un exercice de style, d'une totale reformulation de l'intrigue précédente ou, au contraire, sa lente déconstruction?
Rien de tout cela. Les scénaristes bafouillent sans fin, gavent leurs épisodes de flash-backs peu utiles, et font traîner tout cela à coup de scènes d'actions que les réalisateurs finalisent d'une manière toujours plus lourde, avec de bonnes grosses basses qui tremblent, des ralentis qui nous crient l'importance du moment, des explosions partout.
Pour bien faire national, ils glissent quelques clichés, un taureau, des moulins dans la Mancha, qui ne parviennent même pas à nous faire sourire.
Tokyo, cette «Lamborghini»
La Casa… n'a plus d'originalité, elle ne cesse de pédaler sur elle-même, en boucle, sans même que cette répétition ne procure le plaisir du thème recomposé. Les protagonistes demeurent forts et attachants, mais leurs incessantes prises de bec, moteurs poussifs de l'intrigue, lassent à un point inimaginable. On fait dans l'invective, on se tape dessus pour un rien (même le professeur!), et on donne dans la psychologie sophistiquée (quitter Tokyo, c'est comme «laisser une Lamborghini dans la rue avec la clé sur le capot»). La série-plaisir est devenue série-calvaire. ■
Les protagonistes demeurent forts et attachants, mais leurs incessantes prises de bec lassent à un point inimaginable