Les ventes horlogères poursuivent leur chute
Le coup de frein aux ventes de montres suisses à l’étranger s’est renforcé en mars (-21,9%), malgré une croissance inattendue sur certains marchés
Une dégringolade annoncée et quelques surprises positives. Les exportations horlogères ont poursuivi leur plongée dans l’abîme au mois de mars, avec un recul de 21,9% à 1,4 milliard de francs ( -9,2% en février). La Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) a publié ses chiffres mardi. La chute des volumes est plus marquée, -43,1% pour un niveau mensuel inédit de 900 000 pièces. Les montres en acier sont particulièrement touchées (-46,5%).
«Je ne me rappelle pas avoir connu une période telle que celle-là, mais il n’y a rien de surprenant au vu de la situation mondiale actuelle», constate le président de la FH, Jean-Daniel Pasche. Il ne s’émeut pas outre mesure de ces mauvais chiffres: «Ils étaient attendus et cette baisse va se prolonger. Avril sera sans doute très difficile également.»
Si ce recul mensuel impressionne, il ne permet pas vraiment de tirer des conclusions à long terme. «Ce qui compte, c’est l’évolution sur plusieurs mois. Tout dépendra de l’ampleur et de la durée de la crise sanitaire. Personne ne peut les prédire actuellement», ajoute Jean-Daniel Pasche. Entre janvier et mars 2020, les exportations ont reculé de 7,5% par rapport à la même période de l’année précédente. Lors de la crise de 2009, les exportations annuelles avaient chuté de 22,3%. Pour 2020, les dernières projections de la banque Vontobel annonçaient un recul de 25%, en tablant sur une réouverture du marché européen en mai et des boutiques américaines en juin.
Rebonds américain et chinois
Alors que la plupart des marchés plongent (Italie -57,6%, RoyaumeUni -33,9%), d’autres affichent contre toute attente une hausse. Les exportations ont ainsi bondi de 20,9% aux Etats-Unis et de 10,5% en Chine le mois dernier.
Jean-Daniel Pasche donne deux explications concernant les EtatsUnis: «D’une part, le pays a continué à travailler en mars. D’autre part, il y a sans doute une sorte d’effet Brexit.» Comprenez par là que les boutiques ont probablement augmenté leur stock par crainte de ne plus pouvoir être livrées. La FH attend un ralentissement sur ce marché en avril.
La prudence est aussi de mise concernant la hausse des exportations vers la Chine. La FH y voit une anticipation de la sortie de crise, mais aussi un rapatriement accéléré de la consommation. Les Chinois ne voyagent plus et consomment chez eux ce qu’ils auraient acheté ailleurs en temps normal.
Cela se ressent notamment à Hongkong, où les exportations ont chuté de 41,3%. Ce nombre est toutefois bien loin de la baisse réelle des ventes aux clients finaux, selon la FH. Il témoigne en revanche de la moins mauvaise situation des marchés de réexportation alentour.
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