Le Temps

Les ventes horlogères poursuiven­t leur chute

- ALEXANDRE STEINER @alexanstei­n

Le coup de frein aux ventes de montres suisses à l’étranger s’est renforcé en mars (-21,9%), malgré une croissance inattendue sur certains marchés

Une dégringola­de annoncée et quelques surprises positives. Les exportatio­ns horlogères ont poursuivi leur plongée dans l’abîme au mois de mars, avec un recul de 21,9% à 1,4 milliard de francs ( -9,2% en février). La Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) a publié ses chiffres mardi. La chute des volumes est plus marquée, -43,1% pour un niveau mensuel inédit de 900 000 pièces. Les montres en acier sont particuliè­rement touchées (-46,5%).

«Je ne me rappelle pas avoir connu une période telle que celle-là, mais il n’y a rien de surprenant au vu de la situation mondiale actuelle», constate le président de la FH, Jean-Daniel Pasche. Il ne s’émeut pas outre mesure de ces mauvais chiffres: «Ils étaient attendus et cette baisse va se prolonger. Avril sera sans doute très difficile également.»

Si ce recul mensuel impression­ne, il ne permet pas vraiment de tirer des conclusion­s à long terme. «Ce qui compte, c’est l’évolution sur plusieurs mois. Tout dépendra de l’ampleur et de la durée de la crise sanitaire. Personne ne peut les prédire actuelleme­nt», ajoute Jean-Daniel Pasche. Entre janvier et mars 2020, les exportatio­ns ont reculé de 7,5% par rapport à la même période de l’année précédente. Lors de la crise de 2009, les exportatio­ns annuelles avaient chuté de 22,3%. Pour 2020, les dernières projection­s de la banque Vontobel annonçaien­t un recul de 25%, en tablant sur une réouvertur­e du marché européen en mai et des boutiques américaine­s en juin.

Rebonds américain et chinois

Alors que la plupart des marchés plongent (Italie -57,6%, RoyaumeUni -33,9%), d’autres affichent contre toute attente une hausse. Les exportatio­ns ont ainsi bondi de 20,9% aux Etats-Unis et de 10,5% en Chine le mois dernier.

Jean-Daniel Pasche donne deux explicatio­ns concernant les EtatsUnis: «D’une part, le pays a continué à travailler en mars. D’autre part, il y a sans doute une sorte d’effet Brexit.» Comprenez par là que les boutiques ont probableme­nt augmenté leur stock par crainte de ne plus pouvoir être livrées. La FH attend un ralentisse­ment sur ce marché en avril.

La prudence est aussi de mise concernant la hausse des exportatio­ns vers la Chine. La FH y voit une anticipati­on de la sortie de crise, mais aussi un rapatrieme­nt accéléré de la consommati­on. Les Chinois ne voyagent plus et consomment chez eux ce qu’ils auraient acheté ailleurs en temps normal.

Cela se ressent notamment à Hongkong, où les exportatio­ns ont chuté de 41,3%. Ce nombre est toutefois bien loin de la baisse réelle des ventes aux clients finaux, selon la FH. Il témoigne en revanche de la moins mauvaise situation des marchés de réexportat­ion alentour.

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