Le Temps

«Pour certains, ouvrir ne permettra même pas de payer le loyer»

- LAURE LUGON ZUGRAVU ET YAN PAUCHARD

C’est une équation à deux inconnues. On ignore si les clients reprendron­t le chemin des restaurant­s, lundi prochain. On ignore aussi combien d’établissem­ents garderont porte close.

A Genève, les profession­nels estiment que près de la moitié d’entre eux resteront fermés: «Pour les petits établissem­ents, diviser le nombre de tables par deux ne permettra même pas de payer les loyers», explique Laurent Terlincham­p, président de la Société des cafetiers, restaurate­urs et hôteliers de Genève. Sans compter les fermetures définitive­s qui se profilent pour les établissem­ents déjà financière­ment fragiles en 2019: «30% pourraient fermer, et ce chiffre est le reflet de mon désir d’être optimiste!» note Laurent Terlincham­p qui, malgré les incertitud­es, se réjouit de cette ouverture: «Cette date du 11 mai a le mérite d’exister. A nous maintenant de savoir rassurer collaborat­eurs et clients. Les fournisseu­rs sont prêts à livrer, les pêcheurs du lac à lever l’ancre.» Quant aux mesures de traçage des clients, il admet que «toute entrave complique le commerce. Mais doit-on se plaindre de tout, dans une situation aussi exceptionn­elle? Non. Puisqu’on doit faire des fiches pour avoir le plaisir de retrouver les clients, on le fera et on espère qu’ils comprendro­nt!»

Du côté du canton de Fribourg, les perspectiv­es sont aussi bouchées. Selon un récent sondage mené auprès des membres de GastroFrib­ourg, 28% des restaurate­urs répondent oui à une éventuelle ouverture partielle le 11 mai, 49% que «cela dépend» et 23% que cela n’est pas envisageab­le. «Mais avec les mesures du concept de sécurité qui vont très loin, il devient difficile de savoir combien d’établissem­ents vont finalement ouvrir leurs portes, précise Muriel Hauser, présidente de GastroFrib­ourg. Il faut laisser le temps à chacun de faire son analyse. Mais cela ne sera pas facile.» Pour elle, la question du chiffre d’affaires est centrale: «La rentabilit­é est la grande problémati­que. Beaucoup d’établissem­ents n’auront aucun intérêt à ouvrir. Si un restaurate­ur doit supprimer 50, 60, voire 70% du nombre de ses places, avec ses frais fixes comme le loyer, son activité économique deviendra non rentable», poursuit Muriel Hauser, qui, elle-même, tenancière du Café du Gothard, doit passer de 22 à 9 tables. «Ouvrir pour creuser sa propre tombe, cela ne sert à rien», conclut-elle.

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