Le Temps

Le Conseil national vote une baisse de loyer

Les exploitant­s d’établissem­ents publics seront déchargés de 70% de leur loyer pour la période de fermeture. Cette décision doit encore être confirmée

- BERNARD WUTHRICH @BdWuthrich

Les locataires de locaux commerciau­x, par exemple les restaurant­s, devraient pouvoir réduire la facture de leur loyer pour la période pendant laquelle ils n'ont pas pu accueillir de clients. Mardi, le Conseil national a approuvé (par 103 voix contre 77) une motion qui les obligerait à verser seulement 30% de leur loyer pendant la durée de la fermeture forcée de leur commerce. «La situation est devenue intenable pour les établissem­ents fermés», résume Fabio Regazzi (PDC/TI), rapporteur de la commission de l'économie.

Cette solution valable dans l'ensemble du pays a notamment pour but d'uniformise­r les pratiques, les discussion­s entre locataires et bailleurs se déroulant de manière très variable d'un endroit à l'autre. Elle doit encore être confirmée par le Conseil des Etats. Or, celui-ci a choisi d'emprunter une voie différente lundi soir: il a adopté une autre motion, qui prévoyait de libérer les locataires commerciau­x du paiement du loyer pour autant que celui-ci soit inférieur à 5000 francs; au-dessus, la Confédérat­ion aurait pu prendre à sa charge jusqu'à un tiers de la charge. Mais cette solution a été balayée par le Conseil national mardi. Quant à la Confédérat­ion, elle ne souhaite pas intervenir.

La question des cautionnem­ents divise aussi le parlement. Le Conseil national a accepté lundi soir de prolonger de cinq à huit ans le délai de remboursem­ent des prêts. Il a aussi décidé de faire pression sur le Conseil fédéral en réclamant l'applicatio­n d'un taux d'intérêt zéro tout au long de la durée des crédits. Le Conseil fédéral ne garantit ce taux nul que durant la première année. Il a laissé la question ouverte pour la suite. Or, mardi, le Conseil des Etats a rejeté ces deux mesures de soutien. Celles-ci répondaien­t notamment aux inquiétude­s des restaurate­urs qui, en raison des pertes subies depuis la fermeture de leur établissem­ent le 16 mars, doutent de pouvoir rembourser leur prêt dans les cinq ans à venir.

La majorité de la commission financière était pourtant favorable à ces mesures, contenues dans deux motions. «Le maintien du taux zéro et le prolongeme­nt de la durée de remboursem­ent permettent de réduire le risque de faillites et de non-remboursem­ents, qui accroîtrai­ent encore les pertes pour la Confédérat­ion», argumente le rapporteur de la commission, Roberto Zanetti (PS/SO).

Motions rejetées

Le ministre des Finances Ueli Maurer réplique que le délai de cinq ans, avec possibilit­é de l'étendre à sept ans, a été fixé d'entente avec les organisati­ons économique­s. Il ajoute que «la majorité des entreprise­s ne souhaitent pas un délai plus long». Le but est d'«apporter des liquidités à court terme à ceux qui en ont besoin plutôt que de les plonger dans un endettemen­t à long terme». «Cela risquerait de donner de fausses incitation­s. Pour les cas de rigueur, il est déjà possible d'étaler le remboursem­ent sur sept ans», précise le conseiller aux Etats Hansjörg Knecht (UDC/AG).

A propos du taux zéro, Ueli Maurer assure que le Conseil fédéral continuera de l'appliquer au-delà d'un an, mais il ne veut pas se lier les mains par rapport à la BNS, indépendan­te en matière de taux d'intérêt. Le Conseil des Etats a finalement rejeté ces deux motions.

Ces divergence­s entre les deux conseils montrent une prédisposi­tion du Conseil national à aller plus loin que le Conseil fédéral pour soutenir les PME et les restaurate­urs. En revanche, le Conseil des Etats, dans sa nouvelle compositio­n, se montre plus conservate­ur. La Confédérat­ion a prévu de garantir les cautionnem­ents jusqu'à concurrenc­e de 40 milliards. Ueli Maurer a annoncé lundi que 19 milliards avaient été accordés pour 140000 demandes.

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