La zone euro s’attend une récession «historique» en 2020
La Commission européenne a prédit mercredi une récession de 7,7% cette année dans une zone euro dévastée par les répercussions économiques de la pandémie de Covid-19
Du jamais-vu depuis le lancement de la monnaie unique en 1999: la zone euro devrait enregistrer une chute record de son produit intérieur brut de 7,7% en 2020, puis une remontée de 6,3% l’année suivante. «L’Europe fait face à un choc économique sans précédent depuis la Grande Dépression», a souligné le commissaire européen à l’Economie, l’Italien Paolo Gentiloni.
Ce désastre met la pression sur Bruxelles pour présenter un plan destiné à stimuler la reprise économique européenne. Un exercice périlleux tant les 27 pays de l’Union européenne sont divisés sur les solutions à apporter.
«Ce n’est pas un exercice facile […] Le plan devrait sortir dans les prochaines semaines et je suis confiant de le voir approuvé en juin» par les Etats membres, a encore déclaré Paolo Gentiloni.
Sans surprise, les pays pour lesquels la Commission européenne anticipe les pires récessions cette année sont dans l’ordre: la Grèce (-9,7%), l’Italie (-9,5%) et l’Espagne (-9,4%), tous trois très dépendants des dépenses des touristes.
«Nous devons travailler dur pour que ce secteur survive à l’été», a reconnu Paolo Gentiloni. L’exécutif européen compte présenter la semaine prochaine un plan spécifique au tourisme, avec des lignes directrices sur les conditions sanitaires dans les lieux fréquentés par les vacanciers.
Pays à la fois touristique et industriel, la France ne tire guère mieux son épingle du jeu avec une récession attendue de 8,2% en 2020, puis un rebond de 7,4% en 2021. Première économie de la zone euro, l’Allemagne, très dépendante de ses exportations, verra son PIB reculer de 6,5% en 2020.
Déficits publics dans le rouge vif
Conséquence de cette récession historique, les déficits publics devraient se creuser dans tous les pays (Italie 11,1% du PIB, France 9,9% et Allemagne 7%) et les dettes publiques fortement augmenter en 2020, avant de voir la situation s’améliorer en 2021.
Mais les pays déjà fragiles avant la crise seront plus vulnérables que les autres. Ainsi l’Italie, pays le plus endeuillé par la pandémie dans la zone euro, devrait voir sa dette publique exploser à 158,9% du produit intérieur brut en 2020, après 134,8% en 2019. Seule la Grèce fait pire avec une dette publique à 196,4% en 2020. La dette de la France devrait quant à elle se creuser à 116,5%, contre 98,1% en 2019.
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