Le Temps

L’applicatio­n de traçage sera lancée en juin en Suisse

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Une phase de test étendue sera lancée la semaine prochaine avec des collaborat­eurs de l’EPFL, avant une mise à dispositio­n de tous le mois suivant. L’app Swiss PT aura une base légale ad hoc

Le calendrier pour l’applicatio­n de traçage du virus se précise. Dès le mois de juin, il sera possible de la télécharge­r sur les magasins d’applicatio­ns d’Apple et de Google pour l’installer et l’utiliser en Suisse. Vendredi, le Conseil fédéral a présenté les prochaines étapes pour un programme dont on connaît désormais le nom: ce sera Swiss PT, PT signifiant «proximity tracing», ou traçage de proximité.

Sous pression du Conseil des Etats puis du Conseil national, qui ont tour à tour exigé lundi et mardi une base légale pour cette applicatio­n, le Conseil fédéral a obtempéré. Il doit présenter une première ordonnance la semaine prochaine à ce sujet. Vendredi, Alain Berset n’a pas été en mesure de dire si elle serait basée ou non sur le droit d’urgence. Dès la publicatio­n de cette ordonnance, une phase de test pilote doit immédiatem­ent démarrer. D’ici au 20 mai, le Conseil fédéral doit présenter un projet de modificati­on de la loi sur les épidémies, posant ainsi une base légale pour l’applicatio­n. Le parlement doit en débattre lors de sa session d’été – entre le 2 et le 19 juin. Dès son feu vert obtenu, l’applicatio­n, développée notamment par l’EPFL, sera disponible pour tous.

Le ministre de l’Intérieur l’a rappelé vendredi, l’applicatio­n sera un complément au traçage classique déjà mis en place par les médecins cantonaux. Et Alain Berset a insisté sur le timing: «Nous souhaitons que la mise à dispositio­n de l’applicatio­n soit rapide.» La pression est ainsi importante sur le parlement pour une adoption le plus vite possible de la loi – ce qui semble hautement probable.

«Il est très important qu’avant le lancement de l’applicatio­n, un débat public approfondi ait lieu pour favoriser son adoption» ÉDOUARD BUGNION, VICE-PRÉSIDENT DE L’EPFL

Le Conseil fédéral a apporté des précisions sur l’applicatio­n Swiss PT, proposée sur une base volontaire: les utilisateu­rs n’auront qu’à la télécharge­r et activer Bluetooth. L’applicatio­n doit détecter la présence d’autres smartphone­s utilisant le même programme durant quinze minutes et à deux mètres de distance – mais ces réglages seront ajustés en fonction des tests effectués. L’anonymat doit être totalement garanti et les identifian­ts chiffrés – appelés sommes de contrôle – seront effacés des téléphones automatiqu­ement après trois semaines.

Alain Berset a par ailleurs appelé des hackers à tester prochainem­ent l’applicatio­n pour en augmenter la résistance.

Un lancement en juin, plutôt qu’en mai comme initialeme­nt prévu: ce délai est-il regrettabl­e? «Il faut plutôt y voir une opportunit­é d’ouvrir le débat démocratiq­ue. Cette applicatio­n sera utile durant plusieurs mois et il est très important qu’avant son lancement, un débat public approfondi ait lieu pour favoriser son adoption. Notre solution n’a de sens que si la base d’utilisateu­rs est assez grande. De plus, sur le plan technique, Google et Apple n’ont pas encore mis à jour leurs systèmes d’exploitati­on pour faciliter l’utilisatio­n de notre applicatio­n», précise Edouard Bugnion, vice-président de l’EPFL et membre du groupe de travail de la Confédérat­ion intitulé «Epidémiolo­gie numérique».

Google et Apple avaient précédemme­nt annoncé que la mise à jour de leurs systèmes iOS et Android devait être disponible au milieu du mois de mai.

Test à grande échelle

Avant le lancement de Swiss PT, une nouvelle phase de test doit donc démarrer la semaine prochaine en Suisse. Ces derniers jours, des tests ont été effectués sur le site de l’EPFL et dans une caserne, des soldats simulant des situations de la vie de tous les jours. A quoi ressembler­a la nouvelle phase de test? «Nous allons tout d’abord permettre à certains collaborat­eurs de l’EPFL, sur une base volontaire, de tester l’applicatio­n avec un objectif de pure validation technique, poursuit Edouard Bugnion. Dès que le Conseil fédéral aura promulgué l’ordonnance de test, nous entrerons dans une seconde phase, dont le but est de huiler les processus et de voir comment l’utilisatio­n de l’app se fera de manière coordonnée avec les services de santé.»

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