L’aviation presse pour redéployer ses ailes
L’IATA demande de trouver des procédures pour garantir la sécurité sanitaire dans les aéroports et durant les vols. Selon elle, la reprise économique ne se fera pas si le secteur aérien ne reprend pas son envol
C’est aussi le déconfinement du secteur aérien. Swiss, par exemple, qui, à présent, n’assure que 3% de ses vols, publiera ces prochains jours son nouveau programme. Pariant sur l’ouverture progressive de frontières et d’aéroports, le transporteur national en main du groupe allemand Lufthansa reprendrait entre 15 et 20% de ses dessertes dès le mois prochain. Soit 140 vols hebdomadaires de Zurich (en Europe et long-courriers) et une quarantaine au départ de Genève. Swiss continuera d’effectuer trois vols par semaine pour New York. D’autres destinations intercontinentales s’y ajouteront par la suite. «L’extension s’effectuera étape par étape en fonction des besoins des clients», précise la compagnie dans une note écrite au Temps.
Une reprise indéterminée
Pour sa part, EasyJet, le deuxième transporteur helvétique derrière Swiss, affirme qu’il n’est pas possible de déterminer avec certitude la date de reprise des vols commerciaux. «Cela dépendra de la levée des restrictions nationales en matière de voyage et de la demande des clients, fait comprendre la compagnie low cost. Dès la fin des restrictions, nous anticipons un programme de vols minimal dans un premier temps, qui différera selon les pays.»
Les grandes compagnies aériennes internationales suivent la même trajectoire que Swiss. Les toutes dernières annonces font état de la décision de Korean Air de reprendre 19 routes internationales dès le mois prochain. Au Moyen-Orient, Qatar Airways entend reprendre la moitié de ses liaisons en juin, soit 80 destinations. Emirates, qui compte 271 gros-porteurs, se dit également pressée. Mercredi dernier, elle annonçait être la première à organiser «des tests rapides» à Dubaï pour détecter en dix minutes des cas de nouveau coronavirus parmi ses passagers.
Des pertes de 10 milliards
Aux Etats-Unis, les compagnies aériennes, qui disent avoir perdu 10 milliards de dollars en avril, demandent à limiter la casse. Delta, l’un des quatre mastodontes, veut rapidement ajouter au moins quatre liaisons avec Shanghai et Pékin. En Europe, les grandes compagnies sont aussi sur la case départ. L’alliance Air France-KLM par exemple prévoit d’assurer 20% de ses destinations au troisième trimestre et 60% au quatrième.
«Les compagnies aériennes européennes viennent de publier les résultats catastrophiques au premier trimestre, tirés vers le bas en mars, relève Philippe Berland, spécialiste du secteur aérien au bureau du conseil Sia Partners à Paris. Dès lors, il est normal que tout le secteur soit sous pression pour renverser la tendance.» Selon lui, les voyages constituent la pierre angulaire de nombreux secteurs dont le tourisme et le commerce. «Les Etats savent que la reprise économique globale se fera avec celle du secteur aérien.» Toutefois, selon Philippe Berland, les Etats comme les compagnies d’aviation sont conscients que la priorité est d’assurer la sécurité sanitaire dans les aéroports et durant les vols. «Il faut trouver le plus vite possible des procédures communes à tous les pays car elles sont un élément clé de la levée des restrictions de circulation», a commenté il y a quelques jours Alexandre de Juniac. Le patron de l’IATA, qui rassemble 290 compagnies aériennes, a fait de cette question de sécurité son cheval de bataille. Il se base sur les résultats d’un sondage réalisé dans 11 pays et selon lequel les passagers ne sont pas enthousiastes à l’idée de remonter dans un avion. Seuls 14% des sondés seraient partants aussitôt les restrictions levées, 40% attendraient six mois ou plus et la majorité un ou deux ans.
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