Offrez un concert à vos chers cloîtrés
C’est quoi, la musique? Ramenée au plus abstrait, c’est une onde sonore qui va d’un point A (le musicien) à un point B (celui ou celle qui l’écoute). Or, en ces temps plus ou moins fortement confinés, le moins que l’on puisse dire est que ce genre de pont est rompu: les concerts sont une espèce disparue (provisoirement, on l’espère), les musiciens ont le blues, et les mélomanes en sont réduits à farfouiller dans les boîtes à souvenirs.
Pascal Viglino, compositeur et percussionniste basé à Genève, a eu une idée pour recréer du lien: et si l’on offrait des aubades, au bas de leur balcon, à nos amis, à nos parents, ou à n’importe qui? Voici son credo: «En prenant conscience de notre situation catastrophique en tant qu’artiste, il fallait que je trouve une activité pouvant aider rapidement d’autres artistes et alléger le quotidien des personnes isolées. C’est ainsi qu’a germé cette initiative.» Et quel est son but? «Permettre […] aux petits-enfants de grand-maman Léa de se cotiser pour lui offrir, à elle et à ses copines du home, une petite bouffée d’ART frais!»
Concrètement, l’initiative, nommée «Dans l’jardin», consiste en une plateforme internet qui vous permet, pour un montant de 98 francs, d’offrir un concert de vingt à vingt-cinq minutes à qui vous le souhaitez. Vous entrez le nom de la personne ou d’une institution en son entier comme un EMS par exemple, le lieu (tous les cantons romands et celui de Berne sont couverts), la date et l’heure. Vous pouvez même choisir le type de musique souhaitée: jazz, classique, chanson française, et même… musique expérimentale – ce qui n’étonne guère quand l’on se souvient que Pascal Viglino, que l’auteur de ces lignes a connu par son travail au sein d’Eklekto, l’ensemble genevois de percussions contemporaines, est une des têtes chercheuses des musiques actuelles de ce coin de pays.
On notera enfin que si les concerts de Dans l’jardin feront sans nul doute plaisir à leurs récipiendaires, ils ne feront pas de mal non plus à leurs exécutants, étant entendu que le 80% du montant que vous leur aurez consacré – on imagine que rien n’empêche de mettre davantage que la somme de base – sera reversé aux musiciens. Ça ne fait pas forcément vivre, mais ça aide à survivre.