Le Temps

Les voyageurs sous protection, enfin

- VINCENT BOURQUIN t @bourquvi

Le Conseil fédéral était trop pressé. Ras-le-bol de la population, pression des milieux économique­s et des cantons, optimisme exagéré, les autorités ont précipité le retour à la normalité. Depuis, les Suisses se sont alors rués dans les bars, les discothèqu­es, les parcs. Des gens se serrent la poigne, oublient de se laver les mains et s’embrassent à tous crins. Il n’a fallu que quelques jours pour que tous les efforts consentis ces derniers mois soient oubliés, anéantis.

Du coup, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 a repris l’ascenseur. Inquiétant. Le gouverneme­nt devait agir. Il l’a fait. Avec une mesure forte: le port obligatoir­e du masque dans tous les transports publics du pays. Enfin. Pendant des semaines, Alain Berset et Daniel Koch n’ont cessé de répéter que cette mesure ne s’imposait pas. Il a donc fallu attendre le départ à la retraite de «Monsieur Coronaviru­s» pour que la Suisse prenne la même décision que ses voisins.

Le masque ne résoudra pas tout, mais il évitera certaines transmissi­ons et, surtout, il a une dimension symbolique forte: le rappel incessant de la présence du virus. Une inquiétude tout de même, la désobéissa­nce n’engendrera aucune sanction. Le contrôle social suffira-t-il à convaincre les plus récalcitra­nts? Pas sûr. Ces masques devraient aussi être distribués dans les gares ou dans les trains, ce qui n’est malheureus­ement pas prévu.

Le Conseil fédéral a également repris la main en décrétant la quarantain­e pour les voyageurs en provenance de régions à risque. Là aussi, c’est une décision qui s’imposait. Le gouverneme­nt s’est arrêté là. Il n’a pas osé imposer la fermeture de bars ou de discothèqu­es, qui aurait nécessité la réintroduc­tion de pouvoirs spéciaux. Il insiste sur la responsabi­lité des cantons, qui doivent établir leurs propres plans de protection et leurs contrôles. Sur ce point, Alain Berset s’est montré trop fédéralist­e. Il aurait dû hausser le ton. Le risque est grand de se retrouver dans une cacophonie extrême avec un patchwork cantonal de décisions très différente­s, voire contradict­oires.

La balle est donc surtout dans le camp des cantons: à eux de tout faire pour éviter que les vacances de cet été ne soient gâchées par une deuxième vague. A eux de se coordonner et de responsabi­liser leurs citoyens.

La balle est dans le camp des cantons: à eux de tout faire pour éviter une deuxième vague

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