Les voyageurs sous protection, enfin
Le Conseil fédéral était trop pressé. Ras-le-bol de la population, pression des milieux économiques et des cantons, optimisme exagéré, les autorités ont précipité le retour à la normalité. Depuis, les Suisses se sont alors rués dans les bars, les discothèques, les parcs. Des gens se serrent la poigne, oublient de se laver les mains et s’embrassent à tous crins. Il n’a fallu que quelques jours pour que tous les efforts consentis ces derniers mois soient oubliés, anéantis.
Du coup, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 a repris l’ascenseur. Inquiétant. Le gouvernement devait agir. Il l’a fait. Avec une mesure forte: le port obligatoire du masque dans tous les transports publics du pays. Enfin. Pendant des semaines, Alain Berset et Daniel Koch n’ont cessé de répéter que cette mesure ne s’imposait pas. Il a donc fallu attendre le départ à la retraite de «Monsieur Coronavirus» pour que la Suisse prenne la même décision que ses voisins.
Le masque ne résoudra pas tout, mais il évitera certaines transmissions et, surtout, il a une dimension symbolique forte: le rappel incessant de la présence du virus. Une inquiétude tout de même, la désobéissance n’engendrera aucune sanction. Le contrôle social suffira-t-il à convaincre les plus récalcitrants? Pas sûr. Ces masques devraient aussi être distribués dans les gares ou dans les trains, ce qui n’est malheureusement pas prévu.
Le Conseil fédéral a également repris la main en décrétant la quarantaine pour les voyageurs en provenance de régions à risque. Là aussi, c’est une décision qui s’imposait. Le gouvernement s’est arrêté là. Il n’a pas osé imposer la fermeture de bars ou de discothèques, qui aurait nécessité la réintroduction de pouvoirs spéciaux. Il insiste sur la responsabilité des cantons, qui doivent établir leurs propres plans de protection et leurs contrôles. Sur ce point, Alain Berset s’est montré trop fédéraliste. Il aurait dû hausser le ton. Le risque est grand de se retrouver dans une cacophonie extrême avec un patchwork cantonal de décisions très différentes, voire contradictoires.
La balle est donc surtout dans le camp des cantons: à eux de tout faire pour éviter que les vacances de cet été ne soient gâchées par une deuxième vague. A eux de se coordonner et de responsabiliser leurs citoyens.
La balle est dans le camp des cantons: à eux de tout faire pour éviter une deuxième vague