Le Conseil fédéral met fin à l’exception suisse Une quarantaine aux frontières pour certains arrivants
Compte tenu de l’augmentation des déplacements et du nombre croissant de cas depuis mi-juin, le Conseil fédéral reprend la main en ordonnant le port du masque dans les transports publics dès lundi. Aucune amende n’est prévue pour le moment
Alors qu’il appartient aux cantons depuis deux semaines d’empêcher une seconde vague de pandémie, le Conseil fédéral reprend la main et revient à la manoeuvre. A la suite de l’augmentation du nombre de cas de Covid-19 depuis mi-juin, il durcit le ton. «Ces derniers jours, nous avons constaté que le virus pouvait se propager de manière très rapide. Nous avons besoin d’un nouvel équilibre entre la prudence et la détente, entre les assouplissements et la responsabilité individuelle, entre les cantons et la Confédération», a entamé mercredi après-midi la présidente de la Confédération,
«Tous les pays qui nous entourent ont une obligation beaucoup plus stricte du port du masque»
ALAIN BERSET
Simonetta Sommaruga, en conférence de presse. «Dès lundi 6 juillet, le port du masque sera obligatoire dans les transports publics, et ce dans toute la Suisse. Nous répondons ainsi à beaucoup de cantons et d’entreprises de transport public qui souhaitent une réglementation uniforme dans l’ensemble de notre pays. Pour les personnes qui traversent chaque jour des cantons, il ne fait pas sens de décréter une telle obligation dans certaines zones uniquement. Grâce au port du masque, nous pouvons nous protéger nous-même et protéger autrui», a-t-elle martelé.
Le Conseil fédéral va d’ici à la fin de la semaine préciser les détails de l’ordonnance afin que le 6 juillet «tout soit clair pour les uns et les autres».
L’obligation de porter un masque s’applique à tous les transports publics, donc non seulement aux trains, aux trams et aux bus, mais aussi aux téléphériques et aux bateaux. Font exception les téléskis et les télésièges.
Quel que soit le nombre de personnes
Les enfants de moins de 12 ans sont dispensés. En outre, les personnes qui ne peuvent pas porter de masque pour des raisons particulières, notamment médicales, en sont également exemptées. L’obligation de porter un masque s’applique quel que soit le nombre de personnes dans les transports publics. Les deux types de masques – d’hygiène ou en textile – sont autorisés, il est par ailleurs déconseillé d’utiliser des masques fabriqués soi-même.
Le Conseil fédéral précise que «l’obligation du port du masque n’est pas remplie avec un foulard ou un tissu. Car un foulard n’offre pas de protection suffisante contre une infection et n’a qu’un effet limité de protection pour autrui.» Le masque doit être porté convenablement, couvrant le nez et la bouche. Aucune amende d’ordre ne sera infligée au contrevenant, assure la présidente. «Ce sera au personnel de sécurité de demander à la personne ne respectant pas le port du masque de quitter le véhicule», détaille le directeur de l’Office fédéral des transports, Peter Füglistaler.
«Nous avons décidé de renforcer certaines mesures car, nous le constatons, le virus est toujours là: nous avons 137 nouveaux cas aujourd’hui, et – s’il ne faut pas se laisser impressionner par les annonces quotidiennes car ce n’est pas de cela qu’il s’agit – nous assistons tout de même à un changement de trend», précise Alain Berset. «Depuis le 19 juin, nous sommes dans une situation où les compétences sont partagées entre
Confédération et cantons. La Confédération continue à être responsable des mesures de base, et il incombe aux cantons de mettre en oeuvre ces éléments», explique-t-il.
Le conseiller fédéral a rencontré lundi les représentants des directeurs cantonaux de la Santé pour parler des prochaines étapes, faire le point sur le traçage, l’isolation des malades et les quarantaines et pour suivre l’évolution des téléchargements de l’application SwissCovid. Le million de téléchargements de l’application active va bientôt être dépassé.
«Dans ce cadre-là, le port obligatoire du masque dans les transports publics fait sens. Nous sommes une exception dans l’espace géographique dans lequel nous vivons: tous les pays qui nous entourent ont une obligation beaucoup plus stricte du port du masque. Au moment où les frontières rouvrent, où la saison touristique peut commencer, où le nombre de voyageurs dans les transports publics augmente, il nous a semblé raisonnable de prévoir une obligation qui vaille sur l’ensemble du pays et éviter un patchwork de différentes décisions cantonales. L’objectif est de protéger notre pays de la diffusion de l’épidémie.» Pourquoi dès lors attendre lundi? Quelques jours sont nécessaires pour travailler de concert avec les entreprises de transport, répond le Conseil fédéral. Aucun cas de contamination dans les transports publics n’a motivé cette décision, il s’agit d’une simple prévention, précise-t-il.
Le directeur des CFF, Vincent Ducrot, ne voit pas «d’injustice» dans cette ordonnance, il ne prévoit pas non plus d’engager du personnel supplémentaire dans ses rames, mais de le former et de le sensibiliser.
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Dès lundi, toute personne franchissant la frontière depuis certaines régions doit se mettre en quarantaine durant dix jours. L’Office fédéral de la santé publique tient une liste des régions en question, qu’il actualisera régulièrement.
Les personnes concernées seront informées de façon ciblée dans les avions, les autocars et aux frontières. Une fois entrées en Suisse, elles devront s’annoncer auprès des autorités cantonales. Les compagnies d’aviation et d’autocars devront par ailleurs refuser d’embarquer les voyageurs malades.
La Suisse suivra presque toutes les recommandations de l’UE pour lever des restrictions d’entrée concernant 15 pays. Mais seulement à compter du 20 juillet, et pas pour la Serbie ni pour le Kosovo, a décidé le gouvernement.
L’Algérie, l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, la Géorgie, le Japon, le Maroc, le Monténégro, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda, la Thaïlande, la Tunisie et l’Uruguay ainsi que la Bulgarie, Chypre, la Croatie, l’Irlande et la Roumanie seront retirés de la liste des pays à risque. La Chine aussi, si la réciprocité est garantie pour les personnes en provenance de Suisse.